Plaidant pour une intervention militaire en Libye : Jean-Yves Le Drian ignore l’initiative algérienne
Dans une déclaration à la presse, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est de nouveau exprimé sur la situation en Libye, estimant que le sud de ce pays «est devenu un hub terroriste», tout en excluant pour l'instant toute intervention militaire directe. Il juge ainsi que «frapper sans solution de sortie politique est stérile. La Libye est indépendante», mais sans remettre toutefois en cause le rôle actif qu’avait joué la France dans l’invasion de ce pays en 2011. Cependant, en tirant à chaque fois l’alarme sur la situation dans cette région, le gouvernement français ne cache-t-il pas sa tentation d’y intervenir militairement ? Rappelant le danger que représente l’organisation de l’Etat Islamique pour la sécurité de la région et même de la France, Le Drian parle d’une «armée terroriste» qui serait «capable de faire de la guérilla urbaine, du terrorisme classique et de la guerre conventionnelle», jugeant que la militarisation du terrorisme exige «une réponse militaire». «J’ai la conviction, affirme le ministre français, que le sujet libyen est devant nous. En 2015, l’Union africaine, les Nations unies et les pays voisins devront se saisir de cette question sécuritaire brûlante.» «L'on voit apparaître aujourd’hui des points de connexion Daech et des groupes qui se réclamaient jusqu’à présent d’Al-Qaïda dans la zone sahélo-saharienne, notamment à Derna, en Libye, où Daech essaie de prendre la main. Le creuset de cette connexion est en Libye», avertit Le Dryan qui révèle que «c’est là que se trouve Belmokhtar (l'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique) mais aussi Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar-Dine». Cette déclaration du ministre français de la Défense survient au lendemain d’une réunion de cinq Etats du Sahel (Tchad, Mali, Niger, Mauritanie et Burkina Faso) tenue à Nouakchott. Les représentants de ces pays avaient appelé à une intervention internationale pour «neutraliser les groupes armés» en Libye, où la persistance du chaos torpille, en effet, tous les efforts de stabilisation de la zone. Or, les représentants de ces pays ont, à la même occasion, salué les tentatives des voisins de la Libye et de l'ONU pour «réunir les conditions d'un dialogue entre toutes les parties libyennes, à l'exception des groupes terroristes reconnus comme tels». A rappeler que l’Algérie poursuit toujours ses efforts pour ouvrir un dialogue entre les parties en conflit. Un premier round a été programmé pour fin novembre dernier, mais Alger a préféré le reporter, estimant que toutes les conditions n’étaient pas réunies.
R. Mahmoudi