Le ministre français de la Défense manœuvre pour entraîner l’Algérie dans le bourbier libyen
La France multiplie les efforts auprès des pays de l’Afrique du Nord et du Sahel pour forcer l’Algérie à accepter une intervention militaire en Libye. Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, qui était ces derniers jours à Madama, au nord du Niger, et près de la frontière avec la Libye, où il a visité une base militaire dont le but est d’«empêcher les djihadistes d’Aqmi de reconstituer leur sanctuaire» dans la région, cherche ainsi un moyen d’entraîner l’Algérie dans le bourbier libyen. Ses véritables intentions ont été dévoilées par le quotidien Le Parisien. Dans son édition d’aujourd’hui, ce journal fait état de la volonté de la France d’intervenir en Libye, avec le soutien de deux pays majeurs de la région : l’Egypte et l’Algérie. Sous le titre évocateur «La Libye dans le collimateur de Le Drian», Le Parisien a affirmé, en se basant sur des confidences d’un diplomate français, que l’Algérie reste «réticente» quant à la «solution» militaire, elle qui œuvre pour un règlement politique de la crise. «Le Caire est d’accord, Alger se montre nettement plus réticent pour le moment», a souligné ce diplomate, visiblement très proche de Le Drian, puisque l’article a été fait par le journaliste qui a accompagné le ministre de la Défense dans sa visite au Niger. «Ce qui se passe en Libye, ce n’est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen. Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter», a poursuivi le même diplomate. Ainsi, la France brandit le risque d’une reconstitution des grands foyers terroristes dans le Sahara et dans la région subsaharienne. Et la seule solution pour Le Drian consiste en des frappes aériennes coordonnées avec les pays voisins. Le ministre français de la Défense a déjà réussi à convaincre le Tchad et le Niger, deux pays qui réclament actuellement une intervention militaire en urgence. Autre moyen de pression de la France sur l’Algérie : les Etats-Unis. Selon Le Parisien, les Américains ont averti les Français qu’ils allaient engager leurs moyens de renseignement dans la région pour obtenir un maximum d’informations sur les katibas djihadistes qui prospèrent à leur guise dans le désert libyen. Pour remettre un peu d’ordre dans le chaos libyen qu’elle a elle-même provoqué, la France demande l’appui de l’Algérie, qui dispose d’une frontière de plus de 1 000 km avec la Libye. Il faut rappeler que des rumeurs ont été plusieurs fois distillées, à dessein, sur l’envoi par l’armée algérienne de soldats en Libye. Ce qui a été démenti par le ministère de la Défense nationale.
Rafik Meddour