Ministre de quoi ?
Par Kamel Moulfi – Le quotidien arabophone à la solde des Frères musulmans égyptiens Echorouk rapporte, dans une interview avec l'obscurantiste Hamadache, que ce dernier aurait reçu une proposition du pouvoir de devenir ministre au lendemain de sa sortie de prison en 2003 mais qu'il aurait refusé, préférant la «voix d'Allah». Vrai ou faux ? Rien ne permet de croire ce qu’a écrit Echorouk qui confère la qualité de «cheikh» à un extrémiste qui appelle au crime. Et si c’était vrai, ministre de quoi ? Cette proposition alléchante lui aurait donc été faite bien avant l’ordonnance sur la réconciliation nationale qui a été promulguée en février 2006. Voilà un individu dont deux ministres, au moins, trouvent ses propos inadmissibles, et un troisième semble compter sur la justice pour le faire taire, qui se fait interviewer publiquement comme si de rien n’était. D’ailleurs, qu’est-ce qui pourrait l’empêcher d’occuper la scène médiatique ? Il bénéficie d’un contexte qui a permis à l'«Armée islamique du salut» (AIS) d’organiser une «université d'été», quelque part dans la nature, dans les montagnes de Jijel, sans autorisation légale, comme l’a affirmé son chef, Madani Mezrag, qui n’a pas manqué de signaler que toutes les institutions officielles étaient au courant de ce fait. La vidéo de cette rencontre a révélé que Mezrag s’est même permis d’évoquer ses rapports avec le pouvoir et annoncer qu’il se prépare à lancer un parti dont il est sûr qu’il aura l'agrément légal. Cette assurance vient-elle de sa participation aux consultations menées par Ahmed Ouyahia autour de la révision constitutionnelle ? Y aurait-il des dispositions envisagées dans ce sens ? Si tel était le cas, on comprend que toutes les audaces soient permises aux obscurantistes du type Hamadache. L’obstacle érigé par la loi qui interdit aux anciens responsables du FIS de revenir dans le paysage politique ne serait donc que de pure forme ?
K. M.
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