Motion exigeant la fin de l’occupation israélienne : pourquoi les Palestiniens se sont-ils précipités ?
Les Palestiniens se sont-ils précipités en déposant à l’ONU, par l’intermédiaire de la Jordanie, une motion demandant la fin de l’occupation israélienne dans un délai de deux ans ? Selon des indiscrétions qui sont rapportées dans les coulisses des Nations unies à New York, si les Palestiniens avaient attendu deux semaines de plus, ils auraient certainement eu plus de chances de faire passer leur texte. Car à cette date, le Nigeria, qui occupe actuellement le poste de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, doit céder sa place à la Malaisie pour une échéance de deux ans. La résolution n’a pas atteint la majorité des neuf voix requises pour passer. Huit pays ont voté en faveur de la motion : la Chine, la France, la Russie, l’Argentine, le Tchad, le Chili, la Jordanie, le Luxembourg. Deux pays s’y sont opposés : les Etats-Unis et l’Australie, et cinq se sont abstenus : le Royaume-Uni, la Lituanie, le Nigeria, la Corée, le Rwanda. Le Nigeria, qui devait soutenir la résolution, a changé d’avis à la dernière minute et s’est abstenu. Or, une seule voix aurait suffi pour faire aboutir le projet, dans le cas où Washington se décidait à ne pas user de son droit de veto, comme cela a été pour une fois le cas. Pourquoi ce revirement de dernière minute du représentant du Nigeria ? Notre source n’exclut pas que des pressions aient été exercées sur le représentant de ce pays africain, dont les accointances avec l’Etat hébreu sont un secret de Polichinelle. Ce qui laisse croire que le coup était combiné à l’avance, et que les manipulateurs de l’ombre avaient misé sur l’impréparation des Palestiniens et de leurs «amis» dans cette démarche que Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, s'était empressé de présenter comme une étape décisive dans ses relations avec Tel-Aviv. Il a même menacé, depuis Alger, de rompre toute forme de coordination avec les autorités israéliennes. Pour tenter de sauver la face, les Palestiniens ont, aussitôt, déposé une demande d’adhésion à la Cour pénale internationale, et, dans la même journée, une plainte contre Israël sur ce problème d’occupation et pour l’accuser de crimes de guerre. Les observateurs arabes sont nombreux à se demander si ce choix de judiciariser une affaire hautement politique et stratégique n’est pas une façon, pour les dirigeants palestiniens, de se dérober de leur responsabilité historique dans cet échec. Contre toute attente, un porte-parole palestinien vient d’annoncer qu’une nouvelle motion sera déposée prochainement au Conseil de sécurité des Nations unies, pour un nouveau vote. On ignore s’il s’agit du texte rejeté le 30 décembre dernier, et à quelle date ce nouveau projet sera déposé et avec quelles garanties.
R. Mahmoudi