Schizophrénie ?
Par Kamel Moulfi – Les Européens cherchent midi à quatorze heures : d'un côté, ils payent les rançons aux terroristes, leur envoient des armes en Syrie, leur font de la propagande en Irak, après avoir qualifié la lutte antiterroriste en Algérie d'atteinte aux droits de l'Homme et toléré la collecte d'argent pour le GIA au vu et au su de tous dans leurs capitales, hébergeant les salafistes sous couvert de leur protection contre la persécution dans leur pays d’origine, etc., et de l'autre, ils se réunissent pour chercher des solutions et faire face à ce phénomène à la propagation duquel ils ont largement contribué par le passé et qu’ils continuent à entretenir présentement. L’Union européenne se montre subitement agacée par l’avalanche de messages et d’images envoyés par Daech qui arrivent chez elle via les réseaux sociaux. C’est par ce biais qu’est véhiculée une propagande suffisamment convaincante pour susciter des vocations djihadistes chez nombre de jeunes musulmans, qui, selon les données divulguées par l’UE, seraient 3 000 à être allés grossir les rangs des groupes terroristes en Syrie et en Irak. Mais si le contrôle «physique» aux frontières, effectué par les services de sécurité, pour empêcher les jeunes Européens de rejoindre les camps de Daech, peut être d’une certaine efficacité, il est plus difficile d’entraver la circulation des idées subversives à travers la Toile. Sur ce champ de bataille appelé cyberespace, ni les drones ni les chasseurs-bombardiers ne sont d’une quelconque utilité. L’UE le sait et veut bâtir son système de défense sur des moyens – Google, Facebook, Microsoft et Twitter – dont elle connaît le mauvais usage et les nuisances, puisque ces réseaux lui ont servi dans l’opération «printemps arabes» pour déstabiliser des pays, comme la Libye et la Syrie, où prolifère maintenant le terrorisme et où est implanté Daech, faisant peser ses menaces non seulement sur le voisinage, mais, par retour de bâton, sur les pays européens eux-mêmes. Il est à craindre, pour les Européens, qu’ils ne trouvent aucune échappatoire : le piège qu’ils ont posé est en train de se refermer sur eux.
K. M.
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