Il y a plus grave
Par Kamel Moulfi – Que la justice puisse s’autosaisir d’une affaire sur simple lecture par un magistrat d’un fait relaté par les médias, cela est tout à fait dans ses attributions légales et on comprend que les connaisseurs n’aient pas été surpris par l’annonce du procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed de l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, pour des propos jugés diffamatoires sur Ahmed Ben Bella et Ali Kafi, deux ex-chefs de l’Etat, et sur Messali Hadj, personnalité nationale et historique, selon les termes du communiqué diffusé par le parquet. Par contre, ce que tout le monde n’a pas saisi, et pas seulement les profanes, c’est que la même célérité n’ait pas été manifestée pour d’autres informations publiées dans les médias et la liste peut être très longue. Les réactions ont été immédiates, dans notre pays, de personnalités politiques et d’internautes, qui ont puisé parmi les plus récentes affaires, celles qui ont été fortement médiatisées jusqu’à prendre les dimensions de scandales et qui ne pouvaient, donc, passer inaperçues, mais qui n’ont, visiblement, pas choqué l’appareil judiciaire au point de l’amener à s’autosaisir pour examiner et vérifier les faits afin d’établir la vérité. Il y a eu l’appel au meurtre lancé par un obscurantiste sous la forme d’une fatwa pour prononcer la mort d’un citoyen, mais aussi toutes les rumeurs qui ont couru dans la population avant d’être démenties par le ministre de l’Intérieur à propos de la cause de la mort du wali d’Annaba, on a lu aussi plein d’insinuations et parfois même carrément des accusations autour des malfaçons de plusieurs tronçons de l’autoroute Est-Ouest, et surtout ces informations reposant sur des documents précis et publiés maintes fois relatifs à l'achat de biens immobiliers à coup de centaines de milliers d'euros en France. Y aurait-il «deux poids, deux mesures» ? Les considérations politiques ne devraient pas primer sur le fonctionnement normal de la justice tenue à la stricte neutralité.
K. M.
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