L’Office anticorruption enquête sur le nouveau siège d’Air Algérie
L’affaire du nouveau siège d’Air Algérie, dont le chantier est à l’arrêt à cause de l’entreprise chargée de la construction, intéresse l’Office central de la répression de la corruption, a-t-on appris d’une source sûre. Cet organisme, opérationnel depuis 2013, se penche ainsi sur cet autre scandale qui frappe la compagnie nationale Air Algérie et qui risque de lui coûter très cher. Une équipe d’experts a déjà entamé son travail. Plusieurs cadres de la compagnie vont être interrogés, y compris le PDG, Mohamed Salah Boultif. L’office, précise notre source, veut connaître les moindres détails de l’opération de l’appel d’offres et ceux de la transaction effectuée entre la compagnie nationale et l’entreprise canadienne SMI. L’office, comme son nom l’indique, cherche s’il n’y a pas eu corruption et si la procédure a été conforme aux lois de la République. L’affaire opposant la compagnie et le groupe canadien est au niveau du tribunal d’arbitrage international de Paris. L’entreprise réalisatrice réclame près de 100 millions d’euros de dommages et intérêts pour le préjudice subi et les pertes économiques occasionnées. Le constructeur a suspendu les travaux qui sont arrivés au 4e étage avec trois niveaux de sous-sols sur 35 000 m2, à cause du non-respect des clauses du contrat par Air Algérie. Dans le contrat signé avec le constructeur, il est stipulé qu’en plus d'une garantie bancaire de bonne exécution de 10%, le maître d’ouvrage, à savoir Air Algérie, peut opérer une retenue sur tous les paiements de 5%, alors que ces clauses sont contraires aux dispositions du code des marchés publics. Ce texte réglementaire institue la mise en place d’une garantie de bonne exécution de 10% ou bien d’une retenue de 10%. Excellant dans l’improvisation, les responsables du dossier à Air Algérie décident de plusieurs modifications intempestives des plans, ce qui implique d’importances incidences financières par rapport à ce qui a été prévu initialement : 700 millions de dinars pour l’électromécanique, 200 millions pour le désenfumage et 200 millions pour le carrelage, les cloisons… Au plan opérationnel, rien n'est définitif et rien n'est validé par le maître d'œuvre et le maître d'ouvrage. Cela laisse la voie ouverte à toute autre modification majeure au fur et à mesure que le projet avance. Le projet n’était pas bien ficelé (étude du sol, topographie, génie civil et architecture) avant le lancement des travaux. Des lacunes qui se sont répercutées négativement sur la réalisation de ce projet et qui hypothèquent la construction de ce nouveau siège de la compagnie nationale. Ce qui a amené le constructeur à protester auprès de la direction. En vain. Le constructeur décide de recourir à l’arbitrage international qu’il voit en sa faveur en raison notamment du cahier des charges. Le projet en question d’un coût global de 80 millions d’euros n’est aujourd’hui qu’une carcasse qui se dégrade au fil des jours. L’Office central de la répression contre la corruption va-t-il découvrir le pot aux roses ? On le saura bientôt.
Hani Abdi