Procès de deux ex-patriotes algériens en France : les médias français réveillent les vieux démons
Vingt ans après, les médias dominants français n’ont rien changé à leur discours empreint de cynisme et de manipulation sur les événements qui ont endeuillé l’Algérie durant une décennie. En atteste la manière dont est traitée l’annonce de la comparution prochaine de deux ex-patriotes algériens devant la justice française. A commencer par le choix du vocabulaire pour désigner les deux «accusés», qui n’a rien d’innocent. Présentés comme des «miliciens», les deux citoyens algériens sont poursuivis essentiellement par deux ONG internationales très connues pour leur activisme anti-algérien depuis le début, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), dans ce que France Info décrit dans un long compte-rendu diffusé ce mardi, comme le «premier procès de la guerre civile en Algérie». Les deux ex-patriotes sont accusés notamment de «crimes de torture et d’actes de barbarie» durant les «années de plomb». De sous-entendus fallacieux, la radio publique française passe sans transition à un soutien de moins en moins insidieux aux terroristes du GIA et à sa matrice politique, le FIS. Dans le pur style des tracts de propagande, empruntée à la littérature intégriste, France Info pousse le cynisme jusqu’à prétendre qu’en face des deux accusés, du côté des victimes, il y aura «des centaines de milliers», entendre par là l’ensemble des victimes du terrorisme en Algérie, estimées à 200 000. C’est l’occasion pour l’auteur du compte-rendu de revenir, avec des raccourcis usités, sur cette période, «quand le pays a, selon les termes utilisés, basculé après des élections où se profilait la victoire du parti des islamistes, le Front islamique du salut (FIS)». Ce média ose encore, malgré tout ce qui se dit aujourd’hui sur ces mêmes canaux à propos du péril djihadiste qui menacerait même la sécurité des pays européens, parler de «processus démocratique interrompu par l’Armée», et de «guerre civile» qui aurait coûté 200 000 morts. Dans son compte-rendu, la radio parisienne n’attendra même pas la tenue du procès pour rendre son verdict, en considérant la culpabilité des deux citoyens algériens comme un fait irréfutable. L’auteur ne prend même de gants en rapportant les «témoignages de victimes», alors qu’il ne dit pas si celles-ci se sont constituées ou non partie civile dans cette affaire aux relents politiques avérés.
R. Mahmoudi