Quand la société civile veut
Par Kamel Moulfi – La brochette de ministres qui sont allés, la fin de l’année passée, à grand renfort de journalistes, fêter «le succès du premier forage pilote de gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet (In Salah)», selon les termes utilisés par les médias publics, ont montré le peu de cas qu’ils font de la «démocratie participative» dont se gargarisent d’autres ministres à l’occasion de colloques ou dans des déclarations faites à la presse «en marge des travaux…». Finalement, on en a la preuve tous les jours, cette notion ne sert qu’à remplir et embellir les discours officiels. La réalité est faite plutôt de mépris pour les gens qui sont les premiers concernés et les premiers touchés par les conséquences des initiatives intempestives du gouvernement ou des autorités locales. C’est devenu, au fil du temps, une constante dans le comportement des responsables qui font comme si la population n’existait pas. Ils occupent des espaces censés être publics, y font ce qu’ils veulent, détruisent des espaces verts pour y mettre des parkings, ferment des rues pour n’importe quel prétexte, et la liste est longue. Et cela, souvent, en dehors de toute réglementation et sans information préalable des gens. Cette fois, des ministres sont arrivés dans une localité où habite une population et ont fait comme si c’était un désert inoccupé. Cela s’est passé à In Salah, fin 2014 et nous sommes maintenant en 2015. C’est à croire que ces responsables vivent hors du temps. Par malchance pour eux, les habitants d’In Salah sont pleinement dans leur époque et leur calendrier marque 2015. La société civile était là où personne ne l’attendait. Elle a réagi et obtenu la suspension de l’exploitation du gaz de schiste qui a été l’objet de sa contestation. Le gouvernement n’est pas seulement interpellé sur faut-il exploiter le gaz de schiste ou pas, mais, dorénavant, sur sa façon de gérer les affaires du pays.
K. M.
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