Le Sud peut
Par Kamel Moulfi – La patience légendaire des habitants du sud du pays a finalement une limite. Elle s’est arrêtée devant le fameux «forage pilote» de gaz de schiste, qui pourrait être qualifié de «pirate» au vu des conditions de discrétion absolue qui ont entouré cette opération comme si les autorités craignaient que la transparence et le débat démocratique entravent et empêchent ce qui aux yeux des écologistes et des populations riveraines constitue une aventure périlleuse pour leur santé et pour l’environnement, autrement dit pour l’avenir de leurs enfants. Mais ce qui compte pour les autorités, c’est «combien ça coûte» en «argent sonnant et trébuchant» pas en environnement et en santé et encore moins en avenir. Ce qui a toujours primé pour les responsables algériens, c’est ce qu’ils décident de faire, même s’il y a un torrent de contestations en face. Non seulement ils ne tiennent pas compte des avis contraires, mais ne veulent même pas les écouter et montrent un agacement menaçant si la protestation persiste. Ce n’est pas seulement dans les régions du Sud que la population et particulièrement les jeunes sont ignorés dans les prises de décisions officielles qui les concernent, c’est un peu partout dans le pays que les choses se passent comme ça. Une organisation de jeunes vient d’écrire, d’une ville du Sud, El-Oued précisément, un tas de reproches à un ministre de la Jeunesse (voir article) qui fut lui-même, en son temps, jeune, et si cela se trouve, contestataire à sa façon. On ne serait pas étonné de savoir que les lettres qu’il reçoit, et qui ne lui plaisent pas, atterrissent dans la corbeille à papiers, c’est le sort des avis des «autres» quand ils ne brossent pas dans les sens du poil, encore pire s’ils sont expédiés d’«en bas». Cette démarche autoritaire a bien fonctionné pendant longtemps bien qu’elle ait souvent abouti à des situations désavantageuses pour la population et pour le pays tout entier. La tactique a consisté à utiliser à fond le populisme et à «mobiliser» les médiocres contre les élites coupables de lancer les alertes qui dérangent le pouvoir à quelque niveau qu’il soit. L’opinion publique, étouffée jusque-là, a émergé brutalement en 2015 du sud du pays. C’est de là que vient le changement.
K. M.
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