La justice française enquêtera-t-elle sur la mort des quatre otages à Vincennes ?
Dans la foulée de la tragédie qui vient de frapper la France, tous les feux sont aujourd’hui braqués sur ce que le gouvernement devrait décider, dans les prochains jours, pour rassurer le citoyen français et renforcer la sécurité. Les médias les plus sérieux énumèrent d’ores et déjà les «questions lourdes» auxquelles les responsables de l’exécutif sont appelés à répondre dans l’urgence. Les services de renseignement français sont-ils passés à côté d'une cellule terroriste ? Y a-t-il eu des «loupés» dans la coopération franco-américaine en matière de terrorisme ? Les leçons des affaires Merah et Nemmouche avaient-elles été tirées ? Charlie Hebdo était-il assez protégé ? D’emblée, le Premier ministre, Manuel Valls, a admis, bien qu’à demi-mot, la faillite des services de renseignement de son pays, en déclarant : «Quand il y a 17 morts, c'est qu'il y a eu des failles.» En somme, l’autocritique ne sort jamais du cadre sécuritaire, et les responsabilités, concernant essentiellement la mort de quatre personnes civiles lors d’une prise d’otage en plein Paris, en sont ainsi diluées dans des lacunes d’ordre professionnel qui devraient être examinées entre professionnels. Or, jusqu’ici, aucune juridiction n’a pris la décision d’ouvrir une instruction sur le décès des quatre otages de Vincennes lors de l’assaut donné contre le preneur d’otages. Car il ne s’agit pas d'une simple erreur, ni de «dégâts collatéraux», mais d’une véritable bavure policière dont la responsabilité incombe aux forces de sécurité chargées d’intervenir. Ce qui est incompréhensible, c’est que pareille bavure se produise dans un pays où les droits de l’Homme sont érigés en principe sacré, et où l’on croyait que les dénouements sanglants des prises d’otages étaient «l’apanage» des pays du tiers-monde, des «républiques bananières», peu soucieuses des conséquences humaines. On se souvient de ce qu’ont écrit certains titres dans l’Hexagone pour commenter la libération des otages d’In Amenas par les services de sécurité algériens, en janvier 2013, qu’ils n’hésitaient pas à qualifier de «dénouement à la russe», c’est-à-dire sans ménagement et sans prise en considération du sort des personnes prises en otages, tout ce qui compterait, argumentaient-ils, c’est la mise hors d’état de nuire des ravisseurs. Pourquoi, aujourd’hui, ces mêmes médias «libres» ne montrent pas autant de scrupules ?
R. Mahmoudi