Gaz de schiste : vaste offensive communicationnelle du gouvernement
Face à la mobilisation des Algériens du Sud qui ne décolèrent pas contre l’exploitation du gaz de schiste, les pouvoirs publics déploient la grosse artillerie médiatique pour tenter de les convaincre de l’innocuité de cette industrie naissante et controversée. Des experts, des ministres, notamment celui de l’Energie et celui de l’Environnement ainsi que des responsables des secteurs concernés, ont défilé sur les médias lourds pour défendre ce choix des autorités qui n’ont pas jugé utile de consulter la population avant de prendre une telle décision. Cette fois-ci, c’est Ali Hached, conseiller du ministre de l’Energie, qui a essayé, sur les ondes de la Radio Chaîne III, de rassurer la population sur l’impact d’un tel investissement sur l’environnement et la santé publique. Selon lui, s’il y avait des risques qui pesaient sur les nappes phréatiques et que la technique de fracturation provoque des tremblements de terre, les Etats-Unis ne produiraient pas «plusieurs centaines de milliards de mètres cubes de pétrole et de gaz en utilisant cette technique». Balayant d’un revers de la main les arguments des militants de la protection de l’environnement, ce responsable estime même que l’exploitation de ce gaz non conventionnel est une opportunité pour l’emploi dans la région concernée. «Dans la région où la polémique a lieu aujourd’hui, il va y avoir un impact énorme à travers la création de milliers d’emplois», a-t-il dit. Il a également souligné que cette énergie pourrait être une alternative aux gaz conventionnels dont la consommation a atteint 37 milliards de mètres cubes/an et dont les réserves sont amenées à s’épuiser. Le mouvement de protestation des gens du Sud n’est, selon lui, que le résultat du manque de communication. «Il est indispensable que les gens puissent comprendre les enjeux qui sont derrière ce nouveau type d’exploitation des hydrocarbures», a-t-il noté. Reste à savoir si ces sorties médiatiques qui se veulent rassurantes vont convaincre et apaiser les populations du Sud qui rejettent catégoriquement l’exploitation de cette ressource naturelle.
Sonia Baker