Quelle régression !
Par Kamel Moulfi – En visant à «prévenir l’islam radical», comme l’ont annoncé les autorités françaises, c’est la population issue de l’immigration – de longue date sur plusieurs générations déjà ou plus récente – qui est ciblée. Les lieux des perquisitions opérées après les attentats perpétrés par les frères Kouachi et Amedi Coulibaly, recouvrent la cartographie des banlieues où se trouve cette population «immigrée». Le racisme et la xénophobie prennent facilement ici la couverture de l’islamophobie servie opportunément par certains intellectuels. Hollande tente d’éloigner ce démon en situant la cause de la tourmente dans laquelle est plongée la France, très loin, en Syrie. Il déclare que c’est là qu’il faut agir pour tarir la source des problèmes sécuritaires créés aux Français. Mais son discours suggère plus d’ingérences contre le pouvoir légitime en place à Damas. Il feint d’oublier que tout a commencé avec l’intervention en Libye et l’assassinat de Mouammar Kadhafi, et il persiste dans l’erreur en regrettant de ne pas avoir répété cette opération en Syrie. L’aveuglement des dirigeants français les empêche de voir le résultat de la catastrophe qu’ils ont provoquée en Libye. Au lieu de mettre en œuvre une politique antiterroriste sérieuse et conséquente, les dirigeants français prennent le risque de voir la république en France reculer sur ses valeurs sous la pression de l’opinion publique montée contre les «étrangers» qui viennent du Maghreb et de l’Afrique, et qui ne tarderont pas à être rangés dans la catégorie réservée aux Roms, c'est-à-dire susceptibles d’être expulsés sous une forme ou une autre. Les Français «de souche» sont de moins en moins nombreux à croire à l’idée que les Maghrébins et les Africains, aux côtés des autres immigrés, sont «une chance pour la France». L’intolérance à l’égard des musulmans, qui sont d’origine maghrébine ou africaine, comme ceux qui ont commis les derniers attentats, grandit. Ces musulmans, en même temps français, sont jugés au test de «je suis Charlie», à croire que ce jeu permet de les identifier et de préparer une «chasse au faciès» version 2015.
K. M.
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