Index mal pointé
Par R. Mahmoudi – Il a fallu attendre la tragédie mondialisée du 7 janvier à Paris, pour que les élites françaises daignent enfin pointer du doigt la principale source d’endoctrinement et de financement de l’islamisme radical contemporain, à savoir l’Arabie Saoudite. Mais dans le même temps, tout le monde redoute son effondrement, avec les rumeurs qui circulent depuis quelques jours sur l’aggravation de la santé du roi Abdallah (90 ans) et l’incertitude qui règne aujourd’hui à Riyad pour assurer une succession tranquille, à l’heure où le royaume se dit menacé par son succédané : «l’Etat islamique en Irak et au Levant». Nabil Mouline, auteur d’un ouvrage-référence intitulé Les Clercs de l'islam. Autorité religieuse et pouvoir politique en Arabie Saoudite, estime que si une réforme sérieuse et immédiate n’est pas engagée par Al-Saoud, il faudrait s’attendre à une «dérive dangereuse» dans le monde musulman. Le même discours, on s’en souvient, a été propagé au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, pour réclamer des «réformes substantielles» de la doctrine wahhabite qui, aux yeux des Américains à cette époque, auraient inspiré les kamikazes qui ont fait exploser les deux tours du World Trade Center, lesquels étaient en majorité de nationalité et de formation saoudiennes. Tout le monde espérait que les Etats-Unis, échaudés par ces attaques effroyables, allaient enfin mettre la pression sur leur protégé saoudien pour l’amener à abandonner sa politique d’exportation de l’idéologie wahhabite. Or, c’est tout le contraire qui s’est passé. Les Américains préféreront s’en prendre, symboliquement, à des pays qui, à l’image de l’Irak, étaient loin d’être des pourvoyeurs d’islamisme. Entre-temps, la monarchie saoudite s’est refait une virginité et a même fait des émules qui ont tenté de la supplanter en la matière. La parenthèse du Qatar refermée, Riyad est vite redevenu la première puissance politique arabe grâce à la nouvelle coalition occidentale qui s’est formée contre la Syrie, dernier bastion séculier dans la région. Aujourd’hui, le même scénario se répète, car on doute fort que les Français ou, plus généralement les Occidentaux, puissent imposer un changement effectif aux monarchies du Golfe, sous prétexte qu’elles représentent un rempart contre un ennemi aussi virtuel qu’insaisissable : l’Etat Islamique.
R. M.
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