«Je fuis Charlie» ou comment un Français converti à l’islam décrit le «feuilleton Charlie Hebdo»
Dans une tribune publiée dans la revue de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, Daniel-Youssof Leclercq, un Français converti à l’islam, commente l’affaire Charlie Hebdo en posant un regard critique, celui du «politiquement correct» en vogue dans les milieux médiatiques parisiens. Daniel-Youssof Leclercq donne le ton dès le début, disant oui pour manifester contre le terrorisme et pourquoi pas participer à l’unité nationale, mais non à la promotion d’«une liberté d’expression à géométrie variable qui insulte les valeurs des croyants et ne leur permet pas de répliquer». Il affirme que «les musulmans n’ont pas à choisir entre la peste et le choléra, entre une liberté d’expression insultante, agrémentée de caricatures blasphématoires et l’apologie du terrorisme». Il considère que les survivants de Charlie Hebdo n’ont pas été à la hauteur de la compassion exprimée par le monde musulman. «Au lieu de se transformer en Charlie Abdou (LLAH), les survivants de Charlie Hebdo et leurs affidés ont préféré livrer un baroud d’honneur avec un numéro posthume volontairement irrévérencieux envers les musulmans», a-t-il regretté, dénonçant dans ce sillage le bal des «faux culs» lors de la fameuse marche de l’unité nationale. «A l'inverse de l’affirmation caricaturale de couverture, rien n’est pardonné puisque, bien au contraire, certains parmi les plus modérés en sont maintenant venus à regretter leurs manifestations de soutien compassionnel envers les victimes du journal», souligne ce Français qui rappelle que «les disciples du Prophète Mohammad (QSSL) déplorent les morts inutiles occasionnées par les provocations stupides du journal satirique et ne n’en réjouissent pas plus que tous les faux culs qui en ont été la cible». «A qui profite le crime ?» se demande-t-il. Cela avant d’enchaîner : «Certainement pas aux musulmans qui vont voir progressivement diminuer leur liberté d’expression et l’étau se resserrer sur eux, lentement mais sûrement, surtout s’ils s’avisent de pérorer ou de jouer les arrogants.» Daniel-Youssof Leclercq, qui dénonce la fausse sincérité des dirigeants politiques français qui appellent à ne pas faire d’amalgame entre le terrorisme et l’islam, assure que la situation ne conjecture rien de bon pour l’avenir des citoyens français de confession musulmane. «Avec une “justice” antiterroriste arbitraire à la clé, le moindre de leurs faux pas fera l’objet d’intimidation et de garde à vue au mieux, passible des tribunaux et du cachot au pire», alerte-t-il en bon connaisseur du système judiciaire français. Il se dit ainsi convaincu que l’avenir sera bien plus sombre qu’on ne nous le prédit. Il faut s’attendre, selon lui, à «une escalade des affrontements intercommunautaires, car, d’un côté, comme de l’autre, les extrémistes meurent d’envie d’en découdre». Et pendant ce temps, fait-il remarquer, «le petit peuple relativise la crise et ses petites misères quotidiennes, et les cotes de popularité remontent». Ce Français reconverti regrette ainsi que les musulmans vont faire les frais d’un jeu politique perfide. Cette malheureuse affaire, comme tant d’autres, «tombe bien, car il y a toujours une échéance électorale dans le collimateur et le champion devrait être celui qui se dotera du plus gros bouc émissaire». «Qui peut croire en la sincérité des François, Nicolas, Manuel, Jean-François, Nadine, Rachida, Dalil, Mohamed et autres qui affichent des émois exagérés en la circonstance alors qu’ils transpirent du “ils l’ont bien cherché, c’est bien fait pour leur g….. ?” Tous ceux qui avaient intérêt à voir disparaître leur bête noire ne sont-ils pas à considérer comme des commanditaires potentiels ou des complices virtuels ?» s’interroge-t-il, prenant le risque de s’attirer les foudres de la majorité de la classe politique française, gauche comme droite, tombée sous l’influence du lobby sioniste, très puissant en France.
Rafik Meddour