Charlie, ça sert aussi à relancer l’islamophobie
Avec 150 faits recensés depuis le 9 janvier, soit plus que pour toute l'année 2014, les actes antimusulmans «ont atteint un sommet dans la haine» depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, se désole l'Observatoire national contre l'islamophobie, qui appelle vendredi la classe politique à réagir. Cette instance dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui établit ses chiffres sur la base des plaintes déposées auprès de la police et de la gendarmerie, a fait état de 128 actes antimusulmans entre le 7 et le 20 janvier (33 actions, visant notamment des lieux de culte, et 95 menaces, dont des insultes). On est à plus de 150 ce 25 janvier. Il n'y en avait eu que 133 pour tout 2014. Et encore, note l'observatoire, les chiffres des derniers jours «ne tiennent pas compte des actes perpétrés dans Paris et sa (petite) couronne», qui comptent 250 mosquées et lieux de culte parmi les quelque 2 300 à 3 000 de France. Les chiffres de la capitale et des trois départements qui l'entourent ne sont pas encore disponibles. Depuis les attentats parisiens des 7 au 9 janvier, perpétrés par des «djihadistes» français se réclamant de l'islam, mais condamnés fermement par les instances musulmanes, «les actes islamophobes ont atteint un sommet dans la haine à l'égard des Français de confession musulmane jamais enregistré», affirme le président de l'observatoire, Abdallah Zekri. «C'est la première fois qu'il a été enregistré des jets de grenade ou des tirs par arme à feu», souligne ce délégué de la Grande Mosquée de Paris. De fait, quelques heures après l'attentat contre Charlie, trois grenades d'exercice, dites à plâtre, avaient été lancées contre une mosquée au Mans. Dans l'Aude, un ou plusieurs coups de feu de «pistolet à grenaille» ont été tirés vers une salle musulmane à Port-la-Nouvelle. Et un ex-légionnaire a été interpellé après avoir menacé de «faire exploser» la mosquée de Carcassonne.
Luc Michel