L’énigme Hanoune
Par Kamel Moulfi – Qu'est-ce qui fait courir Louisa Hanoune ? Elle a servi de lièvre pour Bouteflika quatre fois et réapparaît systématiquement quand le pouvoir est en difficulté ! Sur la question du gaz de schiste, la secrétaire générale du Parti des travailleurs défend le pouvoir contre la population d’In Salah. Elle reprend à son compte l’affirmation selon laquelle l’exploitation de cet hydrocarbure non conventionnel ne présente pas de danger pour l’environnement, écartant d’un revers de la main, sans aucun argument sérieux, les craintes de la population alors que certaines personnalités du pouvoir et même des experts pro-gaz de schiste déclarent comprendre ces craintes et reconnaissent qu’elles sont légitimes. De plus, tous admettent que le débat aurait dû être lancé de façon très large en associant les populations concernées. On constate maintenant que non seulement celles-ci ont été maintenues à l’écart de la façon la plus méprisante, mais on a fait croire que les gisements de gaz de schiste se trouvaient dans des régions inhabitées. Pourquoi alors avoir foré le puits contesté à 25 km d’In Salah ? Pour Louisa Hanoune, les revendications de la population riveraine du puits objet de la contestation sont le fait d’«activistes» qui veulent dicter à l’Etat sa conduite dans la politique économique, mais pour certains opposants, l’option du gaz de schiste est elle-même dictée par des intérêts étrangers à l’Algérie. Il y a matière à débat. Au lieu d’appeler à ouvrir ce débat pour trouver une issue consensuelle, un peu comme pour la révision de la Constitution, elle donne au mouvement d’In Salah, qu’elle juge «non encadré et incontrôlé» – en fait, il est plutôt loin de toute influence partisane – un contenu et des visées qu’il n’a pas. Pourtant, le problème est simple : la population conteste le forage, dans son voisinage, d’un puits de gaz de schiste et l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique, opérations pour lesquelles elle aurait dû être consultée comme l’exige la loi algérienne, ce qui n’a pas été fait. Il faut corriger cette erreur.
K. M.
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