Haddad se taille une convention sur mesure : le gouvernement au service de l’ETRHB

Le «dialogue» entre le Forum des chefs d’entreprises et le ministère des Travaux publics est-il allé trop loin au point de piétiner l’éthique ? L’organisation patronale et le département d’Abdelkader Kadi ont franchi un nouveau pas qui prouve encore une fois, si besoin est, la corrélation malsaine qui existe entre le monde des affaires, qui cristallise pour le commun des Algériens la corruption et la gabegie, et le régime au pouvoir. Les deux parties ont annoncé la création prochaine d’une commission mixte qui «sera chargée de coordonner les actions qui seront prises en faveur des entreprises algériennes pour trouver des solutions à tous les problèmes rencontrés sur le terrain et, renforcer leur rôle dans la réalisation des projets du secteur au niveau national et pourquoi pas, à l'étranger». Ali Haddad a même affirmé qu’il «sera consulté dans toutes les décisions du secteur, visant notamment l'amélioration de la qualité de réalisation des projets et la relation entre les entreprises et le maître d'ouvrage». Le patron des patrons étant aussi le président d’un groupe spécialisé dans les travaux publics, ETRHB, on n’est pas loin du conflit d’intérêts. L’entreprise a déjà bénéficié des faveurs des pouvoirs publics qui lui accordent complaisamment de nombreux marchés, mais avec cette commission, l'ETRHB devient juge et partie. Lors de son élection à la tête du FCE, Ali Haddad avait annoncé la couleur en promettant de profiter de sa proximité avec les hautes autorités du pays pour défendre les intérêts des membres de cette organisation. Pas moins de dix ministres étaient présents lors de son intronisation à la tête du FCE en remplacement de Réda Hamiani. Il a été reçu par plusieurs membres du gouvernement qui lui ont ouvert les portes de leur ministère avec une facilité déconcertante. Il apparaît clairement que l’ambition de l’homme d’affaires est d’avoir un certain contrôle sur la vie économique.
Sonia Baker