Bouteflika veut acheter la paix sociale dans le Sud tout en maintenant le cap sur le gaz de schiste
Les dernières instructions du chef de l’Etat, annoncées lors du conseil interministériel sur la problématique du gaz de schiste, sont venues torpiller définitivement les assurances faites, il y a une semaine, par le Premier ministre destinées plutôt à calmer momentanément la colère des contestataires dans les villes du Sud. Bouteflika a donc tranché le débat en faveur de «l’exploration» – en attendant logiquement son exploitation future – des nouvelles sources nationales, en corroborant finalement le même argument avancé par le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, à savoir que «c’est une nécessité» pour la sécurité énergétique de notre pays. Toutes les exhortations du Président pour une «meilleure prise en charge» des débats et pour «la protection de la santé de la population et de l’environnement» sont bien entendu à inscrire dans le cadre du redéploiement des démembrements de l’Etat en vue de circonscrire le mouvement de protestation qui a déjà pris une grande ampleur dans certaines villes du Sud et qui risque fort de s’étendre à d’autres. Les quelques mesures annoncées en faveur des régions du Sud et des Hauts-Plateaux (nouveau découpage administratif, création de nouvelles zones industrielles et agricoles, etc.) sont également conçues dans la même optique. Une manière d’acheter la paix sociale dans l’urgence. Or, on sait que l’une des raisons de cette éruption dans le grand Sud est justement la non-tenue des promesses officielles, formulées de façon récurrente à l’occasion des campagnes électorales notamment, concernant le développement et le désenclavement de ces régions déshéritées. C’est pourquoi les messages formulés par le chef de l’Etat en conseil des ministres, ce mardi, risquent d’attiser davantage le feu de la contestation, au lieu d’imposer le calme. Auquel cas, il y a de fortes probabilités que le pouvoir ait recours, à court terme, aux méthodes tout simplement répressives pour venir à bout de la protestation. Les dernières directives adressées au wali de Tamanrasset lui enjoignant de «gérer» les foules qui manifestent quotidiennement depuis maintenant des semaines, et le déplacement effectué par le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, dans cette région en sont les prémices.
R. Mahmoudi