Gaz de schiste : la protestation continue timidement à In Salah
Les annonces faites lors du Conseil des ministres restreint, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, ne semblent pas être au niveau des attentes de la population d’In Salah qui ne décolère pas. Aujourd’hui, au lever du soleil, des centaines de manifestants ont battu le pavé pour exprimer leur mécontentement et leur insatisfaction par rapport aux mesures prises lors de ce conseil dédié au sud du pays. Toujours déterminés à poursuivre leur combat contre l’exploitation du gaz de schiste, les manifestants refusent de croire aux promesses du gouvernement, considérant qu’aucune garantie réelle ne leur a été donnée pour confirmer les intentions exprimées par les hauts responsables du pays. Bien qu’il y ait moins de mobilisation qu’au début, les manifestants, sans encadrement depuis l’autodissolution du collectif en charge de l’organisation des actions de protestation, occupent le terrain, avec les mêmes slogans hostiles à toute exploitation du gaz de schiste. «Nous ne pouvons pas croire de simples promesses verbales. Nous exigeons des preuves concrètes que cette exploitation n’est réellement pas à l’ordre du jour. Nous ne savons pas ce que fait Sonatrach et ses partenaires étrangers ici à In Salah», dénonce un manifestant qui se dit prêt à passer la nuit à la belle étoile pour «la bonne cause». Malgré leur nombre réduit, les manifestants veulent ainsi exprimer leur insatisfaction et surtout montrer que la mobilisation se poursuit et que rien n’a été réglé dans le fond. Ils se disent «conscients» que les dirigeants du pays cherchent à les avoir à l’usure. «Nous allons continuer les manifs, advienne que pourra», lâche notre interlocuteur qui assure qu’il n’a de toute manière à rien à faire, vu son statut de «chômeur». Mais on n’en est plus aux premiers jours de protestation qui ont vu une large mobilisation citoyenne. «Certains manifestants commencent à mettre de l’eau dans leur vin», assure un commerçant de cette ville. Ils se demandent s’ils ont le droit d’exiger, eux seuls, la non-exploitation de ce gaz de schiste, une ressource qui engage l’avenir de tout le pays. Un peu essoufflé, le mouvement de protestation contre ce gaz non conventionnel continue certes, mais jusqu’à quand ? Telle est la question que se posent les manifestants eux-mêmes, reconnaissant l’impossibilité de rester constamment mobilisé sur le terrain.
Rafik Meddour