Le suicide marocain
Par R. Mahmoudi – L’argument brandi par les autorités marocaines pour justifier leur refus obstiné d'organiser la CAN-2015 s’est finalement avéré aussi ridicule que préjudiciable pour l’image du Maroc. Car, non seulement le spectre de l’épidémie d’Ebola n’a à aucun moment été évoqué depuis le début de la compétition en Guinée équatoriale qui organise cette Coupe d’Afrique, puisqu’aucun risque n’a été signalé dans ce pays, mais, plus grave encore, le royaume marocain aura ainsi raté une chance exceptionnelle d’affermir ses relations avec le continent africain. Et la question que les Marocains ne pourront s’empêcher de se poser aujourd’hui, après ce camouflet, c’est de savoir si leurs dirigeants avaient mesuré toutes les conséquences de leur décision qui s’apparente à un véritable suicide. Tous les doutes vont alors ressurgir sur les motivations réelles du gouvernement en renonçant ainsi à l’organisation d’un événement continental d’une telle importance, et en prenant le risque de s’aliéner les organisations africaines qui, sur le coup, ont eu raison de percevoir cette attitude comme un signe de mépris. D’où cette obstination de la CAF à relever le défi en maintenant à tout prix le déroulement de la compétition aux dates prévues. Le gouvernement marocain, qui disait être «en contact régulier» avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), donnait l’impression, au début, d’avoir des données sérieuses sur les risques de propagation du virus sur le territoire marocain à la faveur de cette compétition. On comprendrait alors que les Marocains eussent eu peur des conséquences néfastes pour le tourisme qui constitue leur première ressource économique. Mais les doutes étaient forts que Rabat eût pris cette décision en toute souveraineté. Car l’intransigeance du gouvernement laissait entendre qu’il aurait agi sur instruction des capitales occidentales pour la simple raison que les pays d’Europe fournissent l’essentiel des touristes à destination du Maroc. Etait-ce la seule raison ? Le doute est permis.
R. M.
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