Malgré les mises en garde des experts : les licences de Djezzy cédées à Optimum Algérie SPA
Djezzy est officiellement propriété de l’Etat algérien à hauteur de 51% des actions. Une cérémonie de cession des licences d’exploitation GSM et 3G, dernière étape avant la finalisation de la transaction financière dans ses différents volets, a été organisée hier. L’officialisation de la transaction, quasi menée à son terme au profit du Fonds national d’investissement, confirme la volonté de l’Algérie d’aller au bout de cette affaire, malgré les mises en garde quant à la justesse des évaluations financières au vu de la valeur boursière en chute libre de VimpelCom qui fait l'objet par ailleurs d'enquêtes aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en Suède et en Suisse pour corruption. Des affaires de malversations en cascade qui ont déjà poussé certains actionnaires à annoncer leur retrait à l’image du norvégien Telenor qui a annoncé vouloir se débarrasser de ses parts (33%) et de ses droits de vote (43%). Des informations qui continuent de plomber l’action en Bourse de VimpelCom. Ainsi, la valeur de VimpelCom n'a pas cessé de se détériorer et son plus récent «market cap» est de 6,5 milliards de dollars. De mauvaises nouvelles qui auraient pu dissuader l’Etat algérien d’aller au bout du rachat de Djezzy. Il n’en est rien apparemment, puisqu’il persiste à vouloir récupérer les actions cédées par l’égyptien OTH à VimpelCom, lequel se retrouve actuellement dans une position plutôt inconfortable au vu des pertes financières qui s’annoncent – l’Etat devra libérer les dividendes bloqués des deux opérateurs égyptien et russe – et du fardeau que risque de devenir l’opérateur de téléphonie mobile à l’avenir, surtout dans cette conjoncture. Il faut savoir qu’en vertu de la transaction, l’Etat algérien a acquis la moitié de la filiale algérienne Orascom Telecom Algérie (Djezzy) – qui deviendra Optimum Telecom Algérie SPA – par le biais du Fonds national d’investissement (FNI), lequel va devoir transférer 4 milliards de dollars alors que VimpelCom ne vaut plus que 6,5 milliards. De nombreux experts financiers avaient pourtant alerté le président Bouteflika, afin qu’il suspende la transaction avant qu’il ne soit trop tard. Autrement dit, avant la signature de la clôture définitive de la transaction. L’Etat algérien maintient malgré tout cette transaction et s'associe à un groupe international privé éclaboussé par les affaires de corruption et dont l’action se déprécie à vue d’œil.
Meriem Sassi