Rien ne sert de mentir
Par Kamel Moulfi – Ce qui a desservi le gouvernement dans la mise en œuvre de son projet en vue de l’exploitation du gaz de schiste, c’est plus le mensonge, volontaire ou par ignorance, que le défaut de communication institutionnelle. En effet, «experts» et officiels pro-gaz de schiste ont menti en répétant qu’a la différence des pays qui ont rejeté l’utilisation de la fracturation hydraulique parce qu’il s’agissait de zones habitées, le forage des puits et l’application de cette technique en Algérie allaient se faire dans des régions désertiques. Avec les manifestations de la population d’In Salah, la nation entière a découvert que le principal argument en faveur de l’utilisation de la fracturation hydraulique n’avait aucun fondement et a été bâti sur le mensonge. A partir de là, pourquoi donner du crédit aux autres arguments pro-gaz de schiste, d’autant plus que les contradictions n’ont pas manqué dans le discours officiel, jusque dans les petits détails. Au lieu de lancer le débat au moment opportun, c'est-à-dire avant de commencer les forages, au contraire, tout a été fait pour éviter cette pratique démocratique. A coups d’esbroufe, les promoteurs du gaz de schiste ont cru faire passer leur projet «en douce», comme ils en ont l’habitude. Ils ont eu, cette fois, la sagesse d’exclure de leur démarche la force, en cas d’obstacle. Dans les nouvelles conditions créées par la contestation de la population d’In Salah, première concernée par cette aventure, très largement soutenue dans le pays, il faudra que les pro-gaz de schiste trouvent une autre voie, ni «en douce» ni «en force», pour continuer. Mais le mensonge ne servira plus à rien. L’argument de l’intérêt national pour justifier l’exploitation du gaz de schiste n’est pas convaincant car il signifierait que la population d’In Salah et tous ceux qui, dans le pays, appuient sa revendication de fermeture du puits foré dans son voisinage, n’ont pas ce sens de l’intérêt national. L’alternative présentée par les contestataires prouve qu’ils sont tout aussi patriotes que les autres. Mieux : eux, pensent aux générations futures, leurs enfants qui vivent dans la région.
K. M.
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