Les dessous d’un mariage
Par R. Mahmoudi – Tout n’a pas été dit dans l’accord conclu, ce week-end, entre le FFS et le FLN. Beaucoup étaient contents, voire soulagés, de voir enfin les divergences, à l’origine fondamentales, entre les deux partis aplanies, aseptisées, le temps d’une rencontre, la deuxième en trois mois, qui n’était pourtant pas dans le programme. Or, ni Amar Saïdani n’a expliqué le revirement de dernière minute de son parti, par rapport à la conférence que son partenaire prévoit dans quelques semaines, ni la direction du FFS ne peut justifier, devant sa base, cette impréparation et cet abcès de fixation que la formation de Hocine Aït Ahmed fait sur l’ex-parti unique. Un constat qui a amené nombre de militants et d’observateurs politiques à se demander s’il n’y a vraiment que des considérations stratégiques ou idéologiques dans ce mariage de raison entre les deux vieux partis. Parce que, à voir la situation interne dans laquelle ces deux formations se débattent à l’heure actuelle, il n’y a pas lieu de s’étonner de cette solidarité viscérale, dictée par l’instinct de survie, qui est née entre eux. En manque de légitimité et attendu au virage par ses nombreux adversaires, Amar Saïdani pense avoir trouvé le bon filon pour se donner une aura nationale. Sachant son nouveau partenaire en difficulté dans son fief, la Kabylie et en manque de ressources depuis le départ d’Aït Ahmed, le patron du FLN aurait profité pour imposer ses options – celles de son clan – à la fameuse conférence de consensus initiée par le FFS et renchérir ainsi auprès de ses «parrains» qui chercheraient depuis quelque temps à s’en débarrasser. Ce dernier, en retour, peut déjà s’assurer la présence au moins d’une «grande» formation politique, après le refus opposé par tous les autres partis qui comptent. Cela lui éviterait un fiasco fatal. Dans le même temps, les dirigeants du FFS peuvent espérer «un coup de pouce» salutaire de leurs alliés pour récupérer la majorité de l’APW de Béjaïa, qui est bloquée depuis maintenant deux mois, à cause du basculement des élus FLN dans l’opposition. Même s’ils ne sont pas très sûrs du pouvoir de Saïdani sur la base. Il fut dire que la perte de cette assemblée a fortement déstabilisé la direction du FFS, au point que plusieurs députés et un sénateur de ce parti sont entrés en guerre ouverte contre le wali de Béjaïa et fourbissent actuellement leurs armes pour de grandes actions de rue. Ce qui, au passage, est en totale contradiction avec l’esprit de conciliation et de consensus qu’ils affichent.
R. M.
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