Statu quo propice ?
Par R. Mahmoudi – Que cache cette frilosité, à la limite de la dérobade, avec laquelle le Premier ministre a parlé, ce lundi, d’un sujet aussi sérieux et brûlant que le remaniement ministériel qui occupe l’opinion depuis plusieurs semaines ? D’abord, pourquoi a-t-il choisi d’en parler hors des tribunes officielles, alors qu’il n’en manquait pas d’occasions ? Est-ce parce que la décision n’a pas été définitivement tranchée ou alors un accord n’a pas été trouvé sur les nouvelles têtes à désigner à la place des ministres partants ? Une lecture au deuxième degré de la sentence sans appel prononcée par Abdelmalek Sellal, «il n’y a pas de remaniement ministériel dans l’agenda actuel du Président», qui résonne étrangement comme sa fameuse déclaration sur le gaz de schiste qui a mis le feu aux poudres dans le Sud, laisse entendre que lui-même ne veut pas d’un changement au sein de son gouvernement, et ne voudrait pas que cette question occupe davantage l’opinion, au point de devenir prioritaire pour une classe politique qui bouillonne depuis quelque temps et ne cesse de réclamer le changement de toute la politique gouvernementale et, donc, forcément le changement de tout le gouvernement. Il est vrai que depuis le début de la rentrée sociale, l’Exécutif se trouve quasiment impuissant face à la multiplication des foyers de tension qui se sont déclarés dans le pays (série de grèves dans l’éducation, gaz de schiste, montée des contestations sociales, etc.). Or, Sellal sait bien que sa démarche est politiquement liée au projet de la révision de la Constitution, dont nul ne sait encore s’il doit passer par un référendum populaire ou par voie parlementaire. Avec l’atonie – préméditée ou naturelle – qui frappe actuellement l’APN et le double jeu auquel se livre le parti majoritaire, qui lorgne de plus en plus ouvertement sur le gouvernement, le pari est loin d’être gagné pour le pouvoir.
R. M.
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