Essebsi l’Algérien
Par Rafik B. – Le choix d’Alger comme première visite à l’étranger du président tunisien Béji Caïd Essebsi est un signal très fort à la communauté internationale. Le sort de la Tunisie ne peut être lié qu’à celui de l’Algérie, pays pivot de la région. En effet, le premier président élu démocratiquement n’a pas caché sa détermination à se tourner vers le grand voisin de l’Ouest, affranchissant ainsi son pays des multiples tutelles, notamment celles du Qatar, qui ont émaillé négativement la vie politique tout au long de la présence des islamistes d’Ennahda à la tête du pouvoir. «Caïd Essebsi est un homme d’Etat qui connaît assez bien l’Algérie. Il sait très bien où sont réellement nos intérêts», commente-t-on à Tunis, en allusion aux «correctifs» d’ordre stratégique qu’Essebsi est en train d’opérer dans son agenda, avec en toile de fond le rôle de l’Algérie dans la politique de redéploiement que veut imprimer Tunis dans la région. Il faut dire que dès son installation au Palais de Carthage, l’ancien ministre de Bourguiba s’était de suite aperçu que le danger venait de l’est. L’état d’insécurité et le chaos généralisé en Libye, auquel l’Otan et le Qatar ont grandement contribué, ont amené le président Essebsi à saisir l’urgence d’un nouveau programme d’ordre sécuritaire. Certaines indiscrétions font état de contacts informels avec l’Algérie en vue de revoir la composition actuelle des services de renseignements tunisiens. «Les Tunisiens, du moins l’équipe dirigeante actuelle, font confiance en la capacité de l’Algérie dans le domaine sécuritaire. Nos frères tunisiens ont aussi une très bonne idée sur les capacités des services secrets algériens. Il est donc logique que nos voisins souhaitent acquérir les mêmes standards en la matière», a indiqué un analyste spécialisé dans les relations intermaghrébines. Aussi, Béji Caïd Essebsi s’apprête-t-il à fouler le sol algérien en ayant en mémoire, à l’époque où il était premier chef du gouvernement post-révolution en 2011, une Tunisie se débattant dans de multiples difficultés, mais qui avait trouvé en l’Algérie un puissant allié, solidaire sur tous les plans, politique, économique, financier et militaire.
R. B.
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