Energie : relance du projet de gazoduc Galsi via la Sardaigne
L'Italie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Paolo Gentiloni, a souhaité la relance du projet de gazoduc Galsi devant relier l'Algérie et l'Europe via la Sardaigne. «Nous sommes intéressés par le projet Galsi et nous soutenons l'idée d'une diversification des sources d'énergie», avait déclaré M. Gentiloni lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, lundi 2 février à Alger. Le gazoduc – prévu avec une capacité de transfert de 8 milliards de m³/an – serait important pour l'approvisionnement de l'Europe, mais a été victime d'une conjoncture peu favorable au cours des dernières années, et sa rentabilité a été mise en doute. La Commission européenne le mentionnait parmi ses projets à l'horizon 2020 et lui réservait, avant la crise actuelle, une contribution maximale de 120 millions d'euros. La part de l'Algérie dans son financement – à travers la société nationale Sonatrach – serait, selon l'agence algérienne APS, de 41,6%, Les autres partenaires annoncés sont Edison, Enel, Groupe Hera et la Région de Sardaigne. Galsi est à construire, selon les études achevées en 2010, sur un tronçon de 900 km, dont environ 600 en mer à une profondeur maximale de 2 885 mètres, selon ses initiateurs. Le gazoduc sera «le plus profond jamais réalisé» et constituera un «grand défi technologique et d'ingénierie». Le projet a été cependant reporté trois fois (juillet 2012, décembre 2012 et fin mai 2013). «La baisse de la demande de gaz naturel en Italie en est la cause», expliquait-on, alors qu'en 2011 le besoin d'accroître les livraisons déjà opérées par le gazoduc Transmed paraissait nécessaire. La question de la rentabilité du projet est également posée. Le coût a entretemps augmenté, passant de 2 à 3 milliards de dollars initialement, à 4 milliards de dollars en 2014, note l'expert pétrolier algérien, le Pr Abderrahmane Mebtoul. Un autre obstacle serait environnemental : «La majorité des élus de la Sardaigne s'opposent pour l'instant à la réalisation de ce projet, du moins dans le tracé traditionnel, pour des raisons écologiques et autres», ajoute l'expert. Rome n'y pourrait rien «du fait de l'autonomie de cette région», prédit-il. Le principal obstacle serait cependant dû à la réduction des capacités d'exportation après la mise en question d'un autre projet de gazoduc transsaharien (le projet Nigal entre le Nigeria et l'Algérie) qui devait permettre de livrer à l'Europe, via Galsi, 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an. Le Trans Saharian Gas Pipeline (TSGP), à construire sur 4 128 kilomètres, dont la moitié en territoire algérien, a vu son coût initial passer de 7 milliards de dollars à 15 et même 20 milliards de dollars, selon une étude de l’IFRI citée par le Pr. Mebtoul. «Ce projet financé pour partie par l'Europe, outre la crise d'endettement, subit aussi les tensions géostratégiques» au Sahel, affirme le Pr Mebtoul.
Agence Europe