Révélé par The New York Times : le rapport secret américain qui accable l’Arabie Saoudite
Des sénateurs américains réclament la dé-classification d’un rapport d’enquête sur les attentats de 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, tenu secret depuis l’ère Bush junior. Ce rapport accable particulièrement l’Arabie Saoudite et sa politique de bienfaisance qui profite de manière outrancière au terrorisme international, souligne le prestigieux journal américain The New York Times, dans son édition du 4 février. Dans ce long rapport, élaboré par une commission d’enquête installée par le Congrès, 28 pages sont consacrés à l’Arabie Saoudite et son implication indirecte dans le financement du terrorisme international. Ce rapport révèle, entre autres, que Zakaria Moussaoui, ancien membre d’Al-Qaïda, reconnu coupable dans les attentats de 11 septembre, avait des contacts directs avec de très hauts responsables saoudiens. Il ne précise cependant pas à quoi lui servaient ses «contacts». Ce rapport donne des pistes d'enquête intéressantes pour remonter les filières terroristes et leurs réseaux de financement complexes. Il explique que l'Arabie Saoudite est considérée comme la principale source de financement d'Al-Qaïda en raison des nombreux et multiples organismes de bienfaisance qu’elle parraine et finance sans se soucier de l’utilisation de cet argent. Des fonds qui sont souvent détournés au profit d’Al-Qaïda, l’organisation fondée et dirigée par Oussama Ben Laden, proche de la famille régnante. En raison de son contenu extrêmement important, de nombreuses voix, notamment dans le camp des Démocrates américains, appuyées par celles des familles des victimes du 11 septembre, appellent le président Barack Obama à rendre public ce rapport. Parmi eux, l'ancien sénateur de la Floride, Bob Graham, qui était parmi les dirigeants de l'enquête. Pour lui, il est impératif en cette période de recrudescence du terrorisme que l’opinion internationale sache qui finance qui. Mais il y a encore beaucoup de résistance au sein du Sénat américain, notamment du côté républicain, invoquant la sensibilité des informations contenues dans ce volumineux document. Des informations qui pourraient fragiliser l’alliance internationale de la lutte contre le terrorisme. Parmi les plus résonantes, il y a celle du sénateur républicain Richard M. Burr, de Caroline du Nord, qui préside la commission du renseignement au Sénat, qui se dit «sceptique» quant à l’effet que pourrait produire la publication d’un tel rapport. Pour lui, les choses ont beaucoup évolué sur le terrain de la lutte contre le terrorisme depuis l’élaboration de ce document historique en 2002. En réponse aux pressions d’une partie du Sénat, la Maison-Blanche a demandé aux services de renseignement américains d’évaluer la nature des informations contenues dans ce rapport et leur risque sur la sécurité nationale dans le cas où il serait déclassifié. Pointée du doigt, l’Arabie Saoudite qualifie le «supposé contenu» de ce rapport de «pures allégations mensongères», rappelant son engagement infaillible dans la lutte contre le terrorisme. Elle espère que les dirigeants américains «vont écouter» la voix de la sagesse et renoncer à la publication d’un «rapport truffé d’accusations infondées». Cette volonté de maintenir secret ce rapport renseigne sur le degré d’implication des Saoudiens dans le terrorisme qui infeste la planète.
Rafik Meddour