Le témoin Kahn
Par Karim Bouali – Les efforts engagés aveuglément par certains milieux en France pour impliquer les forces de sécurité algériennes dans l’acte terroriste commis par le GIA, en 1996, qui avait coûté la vie aux sept moines de Tibhirine, sont sans doute les plus significatifs, en quelque sorte l’apogée, de la campagne du «qui tue qui» dont l’objectif volontaire ou non était d’innocenter les criminels et de salir l’Algérie qui les combattait au prix de très lourds sacrifices humains. Tout récemment, dans le contexte de la tuerie qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo, un rappel très opportun a été fait, à partir de son poste d’observation médiatique privilégié, par le journaliste Jean-François Kahn, à propos du comportement irresponsable des médias français, Libération en tête. Il a montré comment, durant la décennie 1990, ces médias ont pris fait et cause pour les terroristes contre les «éradicateurs», entendre par là les démocrates et patriotes algériens qui soutenaient et, pour nombre d’entre eux, combattaient aux côtés des forces de sécurité contre cette hydre qui a étendu aujourd’hui ses tentacules partout dans le monde. Voici ce qu’écrit l’ancien directeur de Marianne, dans son analyse publiée dans le dernier numéro du magazine (du 16 au 22 janvier 2015) : «Faut-il rappeler cette période terrible où l’Algérie étant en butte aux atrocités commises par ceux dont les auteurs du carnage de Charlie Hebdo sont les héritiers, toute une fraction des médias français se déchaîna non contre les "barbares", mais contre ceux qui tentaient de leur tenir tête ? Souvenons-nous donc : ce n’étaient pas les fanatiques allumés du GIA qui tuaient, massacraient, exterminaient femmes, enfants, vieillards, non, non, c’étaient leurs adversaires… Des témoins de leurs épouvantables agissements, scandalisés par ce déni, envoyaient des délégations à Paris pour dire le vrai. On refusait de les recevoir. Des civils épouvantés dont on avait égorgé les proches, des démocrates, des laïcs, des patriotes, souvent issus de mouvances de gauche, à la suite de tueries, se regroupaient et constituaient des milices d’autodéfense, ce sont eux et non les islamistes qu’une journaliste de Libération fustigeait et désignait comme les fauteurs de guerre. Les tueurs étaient des "rebelles", ce qui est noble, ceux qui appelaient à les combattre étaient des "éradicateurs"». Jean-François Kahn assimile un tel comportement à une «trahison». S’adressant aux Français, il poursuit : «On sortait de temps à autre du chapeau des "officiers déserteurs" qui affirmaient qu’en effet, ce n’étaient pas des islamistes qui tuaient. Gros titre à la une assuré. Or, on découvrit, à l’occasion des attentats de Londres, que c’étaient tous des faux témoins, des militants islamistes radicaux à qui l’organisation avait demandé de jouer ce rôle. Les lecteurs (ou auditeurs) français n’en furent pas avertis.» Des Jean-François Kahn, il en faudra des centaines pour que les Occidentaux comprennent enfin. Encore faut-il qu’ils se départissent de leur mauvaise foi et se libèrent de leur peur.
K. B.
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