L’islamophobie rampante gagne de plus en plus de terrain : les musulmans de France ont peur
Les musulmans de France sont angoissés. Ils ont peur. Pointés du doigt par les médias après l’attentat contre Charlie Hebdo, les musulmans de l’Hexagone doivent subir encore les procès d’intention des institutions officielles. L’exemple parfait est donné par le préfet de la Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, qui s’en est pris violemment contre la religion de cette communauté, en recevant récemment une délégation d’imams officiant dans le département sous l’égide de l’association UAM-93. Pour le représentant de l’Etat français, il est question désormais de «lutte contre le radicalisme musulman», ce que les musulmans qualifient de «quitus» pour s’en prendre encore plus contre une communauté de huit millions de personnes. «Nous vivons le cauchemar permanent depuis les derniers attentats ; dès le début de l’attaque contre Charlie Hebdo, nous nous attendions aux résultats de l’enquête, bien sûr qu’il fallait chercher du côté des musulmans », témoigne un français de confession musulmane. Une vague islamophobe déferle contre les musulmans de France depuis le 7 janvier 2015. Des attaques contre des mosquées, des auditions d’enfants musulmans par des gendarmes et des policiers, et autres actes racistes sont enregistrés quotidiennement en France et recensés, entre autres, par UAM-93. L’acte le plus grave est sans conteste le meurtre de Mohamed El-Makouli, 47 ans. Dans la nuit du mercredi au jeudi 15 janvier 2015, à Beaucet, un village dans le département du Vaucluse, Mohammed El-Makouli, un musulman de 47 ans, a été assassiné atrocement de 17 coups de couteau chez lui par son voisin tenant des propos islamophobes. La femme du supplicié a été blessée de plusieurs coups de couteau en essayant de sauver son mari, qui, «avant de mourir, m’a dit de partir et de sauver notre enfant». De son côté, la famille Msakni vit dans la tourmente suite à une grave injustice. Le 29 janvier 2015, la police a décidé d’enlever les cinq enfants de cette famille de Bourgoin Jallieu, dans la région lyonnaise, car elle «soupçonne le père de rejoindre la Syrie». Parmi les cinq enfants, il y a un nourrisson de trois mois allaité par sa maman. La famille reste séparée en attente d'une décision de justice. La maman a pu voir une seule fois son bébé pendant une petite heure. Autre acte raciste et pour le moins inédit en France, la convocation par la police de Nice d’un garçon de huit ans «pour apologie de terrorisme». Le petit Ahmed a été «livré» à la police par le directeur de son école. «Il est clair qu’on a affaire à une grave atteinte aux droits fondamentaux d’une partie de la population française. Tous les enfants auditionnés sont musulmans. Un môme de huit ans n’a nullement sa place dans un commissariat ou dans une gendarmerie. L’école publique est le lieu d’apprentissage par excellence du vivre ensemble, les enseignants doivent aider les élèves à décoder l’actualité et non les «balancer» à la police ou aux gendarmes, souligne-t-on dans les milieux antiracistes en France.
Rafik Bahri