Un scandale éclabousse la Suisse : 180 milliards d’euros de fraude fiscale ont transité par Genève
Un scandale financier d’une ampleur jamais égalée vient d’être révélé par le journal Le Monde et un réseau de journalistes d’investigation internationale, mettant en cause la filiale suisse de la banque britannique HSBC. Celle-ci a organisé un gigantesque réseau d'évasion fiscale impliquant plusieurs dizaines de milliers de ses clients dont des têtes couronnées à l’image des rois du Maroc et de Jordanie, des responsables politiques, des professions libérales, mais aussi des criminels, des trafiquants de drogue et de réseaux de soutien au terrorisme. Concernant ces faits hautement répréhensibles, ayant eu lieu jusqu’en 2007, le listing passé au crible par des dizaines de journalistes d’investigation à travers le monde révèle que plus de 180 milliards d’euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007. Quelque 671 millions de dollars concerneraient des clients algériens. La période couverte par ce scandale sans pareil révélé en Suisse correspond, selon le journal Le Monde, «aux archives numérisées dérobées chez HSBC PB par Hervé Falciani, ancien employé de la banque». C’est également «le fruit d’investigations hors norme, menées entre Paris, Washington, Bruxelles ou Genève, elle dévoile les dessous d’un vaste système d’évasion fiscale accepté, et même encouragé, par l’établissement britannique HSBC, deuxième groupe bancaire mondial, par l’intermédiaire de sa filiale suisse HSBC Private Bank». Selon le journal français Le Parisien, «sur le fond, le système de l'évasion fiscale est simple. Monsieur X a une belle somme d'argent à mettre à l'abri. Il se rend à Genève dans les locaux de la banque ou bien il est démarché par l'un des employés. Un compte numéroté est ouvert. L'identité de Monsieur X devient alors invisible. Sur les conseils de la banque et grâce à un système de prête-nom, une société offshore est créée dans un paradis fiscal. Monsieur X devient mandataire de cette société. Il peut dès lors utiliser l'argent sans être inquiété par les services fiscaux de son pays». En réaction à ce scandale entachant le système bancaire suisse, HSBC a dit reconnaître des «manquements constatés en 2007» et assure avoir «changé». «HSBC Suisse a entamé une transformation radicale en 2008 pour empêcher que ses services soient utilisés pour frauder le fisc ou blanchir l'argent sale», a indiqué le directeur général de cette filiale dans un communiqué.
Meriem Sassi