L’autre terrorisme
Par Kamel Moulfi – Le hasard qui a fait que la ministre de l’Education était en visite à ce moment-là dans le coin, accompagnée par le wali de Tipasa, a certainement permis de donner un retentissement médiatique plus fort que d’habitude à l’accident qui a coûté la vie, hier, à trois écoliers à Koléa. Ce drame mérite parfaitement d’être qualifié de terrorisme routier. L’accident s’est produit sur un chemin de wilaya et il y a tout lieu de penser que l’endroit ne fait pas l’objet d’une surveillance particulière. Les chauffards doivent se sentir en zone d’impunité dans ces lieux souvent abandonnés par l’Etat. Ils peuvent effectuer leurs dépassements dangereux, ignorant le risque qu’ils font courir aux habitants, comme s’ils recherchaient eux-mêmes l’accident fatal. Du fait de son irresponsabilité et de l’impunité dont il se croyait certainement assuré, ce chauffard a endeuillé trois familles et jeté dans l’angoisse les familles des enfants qui ont été grièvement blessés dans le même accident. Il est allé les chercher dans leur espace, là où les gens attendent le bus, sur le bas-côté de la route. Il a été appréhendé, mais rien ne permet de dire que les autres «tueurs» qui sont au volant de leurs microbus ou de leurs gros camions vont être dissuadés et se mettre à respecter la loi. La course éperdue vers l’argent engagée entre les propriétaires de bus est plus forte que tout. C’est cette avidité du gain qui pousse les chauffeurs à enfreindre le code de la route, surtout là où ils savent qu’ils ne risquent pas d’être contrôlés et verbalisés, c'est-à-dire sur un chemin de wilaya. Selon les premières informations, c’est une manœuvre de dépassement d’un bus à l’arrêt par un autre bus qui a fait perdre au chauffeur le contrôle du véhicule et l’a amené à faucher les malheureux élèves. Ce fait est typique de la concurrence que se livrent les transporteurs privés de voyageurs, au détriment de leurs passagers et, on le voit dans le cas de l’accident de Koléa, des pauvres gens qui se trouvent sur leur chemin.
K. M.
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