Le mandat de ses instances dirigeantes expire en mars : Saïdani entraîne le FLN dans l’illégalité
Le Front de libération nationale (FLN) s’achemine vers l’illégalité. Le mandat de cinq ans des instances dirigeantes issues du IXe congrès va expirer en mars prochain. Le comité central, instance suprême du parti, n’aura plus de légitimité ni de légalité dans la prise de décisions. A partir du mois de mars, le parti va se retrouver sans instances dirigeantes conformes à la réglementation régissant les partis politiques. Hormis l’installation, en juin dernier, de la commission nationale de préparation du congrès, le Xe pour cet ex-parti unique, aucune autre structure n’a été mise en place pour l’organisation de rendez-vous organique obligatoire pour la poursuite de l’activité de ce parti sur la scène politique nationale. Car la loi sur les partis exige la tenue des congrès dans les délais pour que les formations politiques puissent exercer notamment leurs activités partisanes. Acculé depuis de longs mois par les redresseurs, Amar Saïdani opte pour la fuite en avant depuis la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat. Le deuxième Comité central qu’il devait tenir avant la fin de 2014 n’a pas eu lieu. Une entorse aux statuts du parti qui lui ont valu de vives critiques de ses opposants. «Amar Saïdani a usé de tous les moyens pour pouvoir organiser dans le sillage de l’euphorie créée par la réélection du président Bouteflika la première réunion du comité central qui s’est d’ailleurs tenue dans des conditions lamentables et irrégulières. En perte de vitesse, avec notamment le déplacement de la crise au sein de l’Assemblée populaire nationale, Amar Saïdani n’a visiblement pas voulu prendre de risque pour se maintenir au poste qu’il a obtenu par un coup de force en août 2013», souligne un cadre du FLN, qui estime que la non-installation des instances de préparation du Congrès reflète la difficulté dans laquelle s’est mis le secrétaire général. «En usant de méthodes expéditives et musclées, il a réussi à se mettre sur le dos une bonne partie des cadres du parti, y compris certains membres de son propre bureau politique qui n’ont pas apprécié la création récente de nouvelles mouhafadhas sans aucune base juridique, ni organisation d’élections, car le mouhafadh doit être élu et non désigné», poursuit notre source. Les contestataires de la légitimité d’Amar Saïdani à la tête du FLN embusquent depuis des mois et l’attendent au tournant. «Le groupe de Abderrahmane Belayat est renforcé par la relance de l’activité des redresseurs qui sont sous la houlette de Abdelkrim Abada. Ils continuent à organiser des rencontres pour mobiliser la base et la sensibiliser contre les pratiques illégales du secrétaire général», soutient un autre interlocuteur. Parmi les coups de force qui ont accentué la crise au FLN, la suspension d’un vice-président FLN à l’APN et la désignation par Amar Saïdani de son remplacement, ce qui est contraire au règlement intérieur de cette auguste assemblée. Cet acte a provoqué une crise sans précédent au sein de l’APN, bloquant le bureau de l’Assemblée. Mais il n’y a pas que cela. De nombreuses nominations au sein des structures locales ont suscité la colère de la base militante, comme celle d’un ancien directeur de campagne d’Ali Benflis à la dernière présidentielle à Batna, désigné à la tête d’une mouhafadha nouvellement créée dans cette wilaya. «Il n’y a aucun signe qui dit que le Congrès se tiendra dans les prochains mois. Amar Saïdani lui-même a dit qu’il se tiendrait probablement après la révision de la Constitution dont la date n’est pas encore fixée ni connue», précise une autre source, craignant que cette situation accentue la crise et provoque l’éclatement du parti, tous les ingrédients y étant là. L'entêtement d’Amar Saïdani à garder le contrôle sur cet appareil du pouvoir risque de précipiter le FLN dans une crise inextricable.
Rafik Meddour