Révélations du Consortium des journalistes d’investigation : «La France est derrière SwissLeaks»
Le scandale révélé par le journal français Le Monde sur les comptes secrets de la banque britannique HSBC n’a pas livré tous ses secrets. Dans une déclaration à la presse, rapportée ce mardi par l’agence turque Anatolie, le journaliste australien Gerard Ryle, directeur du Consortium international des journalistes d’investigation (CIJI), qui pilote le projet «Swissleaks», connu sous le nom des «listing Falciani», a révélé que les autorités françaises sont à l’origine de ces fuites de documents dont Le Monde a eu la primeur. Le journaliste affirme que les investigations qui ont commencé depuis sept mois se poursuivront et que son équipe agit avec «une très grande prudence» sur cette question. Or, dans sa présentation du dossier, le journal français explique avoir obtenu d'une source, dont il préserve «l'anonymat», la totalité des données volées par Hervé Falciani, un ancien employé de HSBC, et les avoir partagées par l'intermédiaire de l'ICIJ. D'après cette enquête, la banque britannique, basée en Suisse, aidait en particulier ses clients à échapper à certains impôts, en dissimulant «leur argent derrière le paravent de structures offshore généralement basées au Panama ou dans les îles Vierges britanniques». Les fichiers contiennent des informations concernant plus de 100 000 clients issus des différents continents, durant la période allant de fin 2006 à début 2007. Au total, 180 milliards d’euros auraient ainsi échappé au fisc grâce aux subterfuges mis à leur disposition par la succursale suisse d’HSBC. Beaucoup de personnalités publiques, de dirigeants de pays arabes, dont Mohammed VI du Maroc et le roi Abdallah II de Jordanie, ont été cités par les enquêteurs aux côtés de dirigeants d’Al-Qaïda et de barons de la drogue et de réseaux internationaux de proxénétisme et de trafic de diamants. A noter que ces informations sont répercutées simultanément par une cinquantaine de journaux internationaux, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Belgique et en Suisse, pour des investigations plus approfondies et plus rigoureuses de ce scandale financier, où 154 journalistes sont à pied d’œuvre pour recouper et, éventuellement, mettre à jour les informations recueillies.
R. Mahmoudi