Le général-major l’avait dit
Par Kamel Moulfi – En lisant l’information sur la création d'un observatoire national de lutte contre l'extrémisme religieux en Algérie, on ne peut pas ne pas penser au regretté général-major Mohamed Lamari et se rappeler sa fameuse conférence de presse du 2 juillet 2002, en sa qualité de chef d’état-major de l’ANP, à l’Académie militaire inter-armes de Cherchell, à l’occasion de la cérémonie de sortie de promotions d’officiers d’active. Dans un raccourci mémorable, il avait résumé la nouvelle problématique qui se posait à l’Algérie, il y a treize ans déjà, incomprise à ce moment, et qui s’impose enfin à tous aujourd’hui : «Nous avons vaincu le terrorisme. Seulement l'intégrisme est toujours là. Vous n'avez qu'à regarder la télé et certains prêches. Ce n'est pas le rôle de l'armée, de l'intérieur ou de la police. Que deviennent les textes de la nidhara ? La lutte est d'abord politique, économique. Elle n'a malheureusement pas atteint ses objectifs.» Il avait dit, dix ans avant, en 1992, « seul, le bâton ne résoudra pas le problème», pour constater plus tard que «le terrorisme est vaincu, mais l'intégrisme est intact. Il fabrique encore des terroristes». La nomination de Mohamed Aissa au poste de ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, lors du dernier remaniement gouvernemental, et ses premières initiatives, ont montré que le pouvoir avait décidé d’aller dans le sens de la réflexion du général-major Mohamed Lamari. Les déclarations de Mohamed Aissa ont vite indiqué le sens qu’il veut donner à son action. Certes, le but, au départ, n’était pas explicitement exprimé, mais progressivement, beaucoup d’Algériens ont compris où il voulait aller. C’est à sa demande que le gouvernement a approuvé la création de cet observatoire national qui regroupera, selon l’information officielle qui en est donnée, des cadres du ministère des Affaires religieuses et d'autres secteurs tels l'éducation, la culture et l'intérieur. «Certaines parties exploitent les espaces éducatifs, culturels et ceux pour jeunes en vue de faire passer des idées qui prônent l'extrémisme religieux», les choses ont rarement été dites aussi clairement. De toute évidence, le ministre sait de quoi il parle et ce qu’il faut faire.
K. M.
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