Nuance obsolescente
Par R. Mahmoudi – Les médias ont repris et commenté l’heureuse et courageuse annonce faite par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, de créer un observatoire de lutte contre «l’extrémisme religieux». Toutefois, la même information rapportée en arabe, s’appuyant donc sur la version originale, parle d’observatoire de lutte contre «l’extrémisme sectaire» (a’tata’ruf al-madh’habi) qu’on peut aussi traduire par «extrémisme doctrinal». La nuance est donc de taille. Ainsi, l’application même de cette instruction risque de poser un problème à la base, c’est-à-dire aux imams et aux différentes directions des affaires religieuses. Car cela peut être interprété comme une volonté d’uniformiser les rites – en Algérie, il en existe en moins deux, mais un seul est reconnu : le rite malékite –, ou de diaboliser davantage les quelques adeptes du chiisme recensés à travers le pays. Or, il s’agit, pour le cas de notre pays, d’endiguer l’expansion de l’idéologie intégriste qui fait des ravages dans la société et surtout chez les catégories les plus jeunes, où les risques d’endoctrinement et d’enrôlement par les réseaux terroristes sont bien réels. Pour une fois, donc, que le gouvernement décide de prendre ses responsabilités, il doit les assumer pleinement, non pas à demi-mot. Certes, le communiqué du ministère évoque explicitement, une ou deux fois à l’intérieur du texte, l’extrémisme religieux. Mais la définition qui en est donnée reste confuse et diminue franchement l’engagement qui l’aurait motivée. Le ministère n’a-t-il pas le courage d’assumer pleinement son initiative ? Craint-il de heurter la sensibilité des milieux islamistes qui, généralement, se sentent ciblés par l’emploi de cette expression ? Si tel était le cas, pourquoi y avoir pensé ? Si l’objectif du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs était juste de remplir un agenda et de donner l’impression de combattre le radicalisme religieux, sans y mettre les moyens et sans une stratégie claire, sa démarche est de fait nulle et de nul effet.
R. M.
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