Interview – Aït Hocine : «Le président de la FAHB doit partir !»
Algeriepatriotique : Aït Hocine, vous avez arrêté votre carrière à un âge avancé. Que faites-vous aujourd’hui ?
Algeriepatriotique : Aït Hocine, vous avez arrêté votre carrière à un âge avancé. Que faites-vous aujourd’hui ?
Makhlouf Aït Hocine : Effectivement, j’ai mis fin à ma carrière sportive à l’âge de 43 ans. Aujourd’hui, je suis dans le social, je suis coordinateur dans une association d’insertion et j’entraîne un club de pré-national. Je vous rappelle que j’ai fait deux ans à l’ISTS et deux autres à l’IEPS d’Alger. Actuellement, je suis en train de terminer mon brevet d’Etat en France.
Vous avez sûrement suivi la débâcle de la sélection algérienne au Mondial du Qatar. Selon vous, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné, la préparation, un championnat faible, les moyens ?
Je n’ai pas suivi la préparation de la sélection algérienne, mais d’après l’entraîneur Zeguili et le président de la fédération, le programme a été suivi à la lettre. Mis à part cela, il faut savoir qu’il y a des choses, peut-être aussi importantes, comme le fait que le joueur doit être à l’abri de problèmes externes au terrain. Je dis ça, car il y a de gros problèmes au sein des instances dirigeantes qui ont une répercussion négative sur les joueurs. Il faut dire aussi que le niveau technique des joueurs n’était pas non plus extraordinaire, avec tout le respect et l’affection que j’ai pour eux. Je n’invente rien en disant que le faible niveau du championnat local est un frein réel à la progression de nos joueurs. Il y a aussi le travail avec les jeunes qui n’est pas considéré comme essentiel. Je me souviens à l’époque où j’étais dans la catégorie des cadets, je participais avec notre équipe nationale à des tournois à l’étranger, et on avait des regroupements tout au long de l’année. Autre exemple, en 1986, pour les championnats d’Afrique, nous avons suivi une préparation aussi conséquente que celle des seniors. Je vous le dis, car j’étais en stage aussi avec les seniors cette année-là.
Est-il normal de voir des joueurs tels que Biloum et Fillah, qui ont la trentaine, toujours évoluer en sélection lors d’un événement d’une aussi grande importance ?
Je pense que l’entraîneur n’avait peut-être pas d’autres choix, mais l’idéal aurait été d’intégrer des jeunes pour les aguerrir comme l’a fait l’équipe de France qui est championne du monde avec quelques joueurs âgés de 35 ans et plus.
La sélection n’était pas trop grande pour l’entraîneur Zeguili ?
Réda Zeguili est quelqu’un que j’apprécie humainement. Je dirai que prendre la sélection avec un staff technique aussi réduit n’était pas la meilleure des solutions. Je pense aussi, avec tout le respect que je lui dois, qu’il y avait des techniciens plus compétents qui auraient dû assumer cette responsabilité.
N’a-t-il pas commis des erreurs, sachant que les jeunes Chentout, Daoud, Kaâbache étaient efficaces sur le terrain, alors que Zeguili persistait à faire jouer, par exemple, Berkous complètement out lors de certaines rencontres, sauf contre la France ?
C’est vrai qu’il y a des joueurs prometteurs qui ont montré de réelles qualités, mais aussi beaucoup d’insuffisances qu’ils gommeront avec le travail. Concernant Berkous, c’est un joueur qui possède d’énormes qualités, mais qui donne l’impression de stagner, donc de régresser. Il faut qu’il se remette en question et pourquoi pas qu’il aille chercher au sein d’un club étranger ce plus qui lui permettra, à lui et donc à l’EN, d’atteindre sa plénitude.
Avez-vous suivi le feuilleton de la Fédération algérienne il y a deux ans, conflits, candidature rejetée de Derouaz, arrêt du championnat, etc., des événements qui auraient influé sur la préparation et le développement du handball algérien ?
Nul doute que cela influe négativement sur la vie de groupe de la sélection. Je pense que l’urgence est là, il faut absolument faire le ménage au sein de la FAHB.
Est-ce que vous avez gardé le contact avec d’anciens handballeurs, si oui, lesquels ?
Bien entendu, je suis en contact avec Aouachria, El-Maouhab, Bouanani, Khelfellah, Agrane, etc. Par contre, j’ai perdu de vue beaucoup d’autres, mais j’espère les retrouver très bientôt.
Alors, si une demande de la FAHB est exprimée pour que vous preniez en charge la sélection, quelle serait votre réponse ?
Très sincèrement, je pense qu’il y a d’autres techniciens algériens qui ont plus de compétences et d’expériences que moi. En revanche, je pense qu’avec la situation actuelle, un entraîneur étranger de grande valeur ferait l’unanimité pour diriger l’équipe nationale.
Selon vous, quels sont les remèdes à appliquer pour que l’Algérie retrouve son handball, celui de votre époque ?
Il faudrait commencer par changer le président de la Fédération, qui, je pense, doit démissionner, étant donné qu’il est le responsable du handball algérien, et par conséquent, celui de la débâcle de Doha. Il faudrait aussi une politique envers les jeunes, mais très sérieuse avec des encadreurs triés sur le volet. Nous devons aussi avoir un championnat digne de ce nom et non pas dominé par un seul club, à savoir le Groupement sportif des pétroliers (ex-MCA). L’Algérie a dominé le handball africain grâce au travail qui se faisait au niveau des clubs. Il y avait quatre équipes qui se disputaient le titre, et les équipes qui jouaient le maintien étaient très difficiles à battre. Pour terminer, je dirai qu’il faudrait que l’on mette nos querelles intestines de côté et que l’on travaille dans l’intérêt de notre handball qui a touché le fond, et cela est inacceptable. Je ne finirai pas sans passer mes salutations sportives à tous les handballeurs algériens. Enfin, je vous remercie de m’avoir permis de donner mon avis sur ce sport qui nous tient tant à cœur.
Propos recueillis par Réda B.