Pourquoi ils nous devancent
Par M. Aït Amara – La décision du gouvernement français de se passer des grosses berlines et de les remplacer par de petites voitures par souci d’économie devrait servir d’exemple à nos gouvernants qui font tout le contraire et dont le discours contradictoire est flagrant. D’un côté, ils parlent de rationaliser les dépenses et, de l’autre, ils persévèrent dans la gabegie et la déprédation. Là où un pays riche comme la France conclut à la nécessité de revenir à la raison en se passant des voitures d’apparat, l’Algérie continue de dépenser des sommes colossales pour remplacer un parc automobile neuf par pure fantaisie, gaspillant l’argent public sans que personne y trouve rien à redire. La France n’est pas le seul pays à adopter une telle politique d’austérité ; mieux, elle est très en retard comparée à d’autres Etats autrement plus riches qui répugnent à débourser le moindre centime si une telle dépense est jugée inopportune. Il en va ainsi des Etats-Unis, première puissance mondiale. Deux exemples vécus par l’auteur de ces lignes suffisent à montrer toute la différence qui existe entre les dirigeants algériens – donc du tiers monde – et ceux du pays assis sur le plus haut trône du monde. Apercevant, un jour, l’ambassadeur américain à Alger sortir du siège de l’ambassade des Etats-Unis dans un véhicule imposant mais néanmoins brinquebalant, je charriai un de ses conseillers (un Algérien) et lui posai cette question : «Ton ambassadeur n’a-t-il pas assez d’argent pour se payer une voiture neuve digne de ce grand pays ?» Ce à quoi mon interlocuteur répondit sur le même ton : «Tant que cette voiture roulera, Washington ne la remplacera pas. Là-bas, on ne badine pas avec l’argent public.» L’autre exemple est encore plus surprenant. De retour d’un voyage en Tunisie, je me retrouvai assis à côté d’un Américain en classe économique. Il était accompagné de deux autres personnes de même nationalité. Durant tout le trajet, mon voisin de siège, qui n’arrêtait pas de palabrer avec ses deux compatriotes, dossiers en main, mordait de temps à autre dans le petit pain à moitié décongelé et la portion de fromage fondu de marque algérienne servi par la compagnie nationale en guise de déjeuner. Je découvris le lendemain, abasourdi, en voyant sa photo barrer la Une de la presse nationale, que ce compagnon de voyage n’était autre que le conseiller personnel du président Barack Obama qui visitait les trois capitales du Maghreb dans le cadre d’une mission officielle. En Algérie, la distribution de banales invitations pour la participation des pays arabes à l’événement de Constantine ne se fait pas par le biais des ambassades présentes à Alger, mais en dépêchant des «émissaires» dans chacune des vingt et une capitales pour les remettre en main propre à leurs destinataires. Et en first class, s’il vous plaît ! Tant que c’est le contribuable qui casque…
M. A.-A.
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