Confrontation à distance entre partis du pouvoir et d’opposition : un 24 Février éminemment politique
Les célébrations du double anniversaire du 24 Février, qui auront lieu ce mardi, s’annoncent très politiques. Les ressources naturelles sont au centre d’un débat qui se joue désormais dans la rue. Alors que les partis de la CLTD, en plus des formations alliées comme l’Avant-garde des libertés d’Ali Benflis et l’UDS de Karim Tabou, fourbissent leurs armes à la veille des manifestations nationales programmées pour cette journée du 24 février, le FLN bat le rappel des troupes et appelle à la mobilisation de toutes ses mouhafadhate sur le territoire national pour célébrer l’événement, en mettant en avant «les acquis socioéconomiques» que représente cette date, indique un communiqué du parti. Or, l’objectif du parti d’Amar Saïdani est surtout d’essayer de faire contrepoids à l’offensive de l’opposition qui manifestera en solidarité avec les habitants d’In Salah contre l’exploitation du gaz de schiste. Dans le cadre de cette mobilisation, on apprend que le secrétaire général du FLN tiendra un meeting populaire au Théâtre régional d’Annaba. L’occasion pour lui aussi de renforcer ses positions à l’est du pays, à un moment où le mouvement de fronde à l’intérieur du parti commençait à prendre de l’ampleur. Amar Saïdani s’est déjà mis à l’avant-garde de la contre-offensive politique lancée par les partis de la coalition gouvernementale et ne rate aucune occasion pour tirer sur l’opposition, en l’accusant ouvertement d’œuvrer pour la déstabilisation de l’Algérie, à travers le soutien actif qu’elle affiche au mouvement de protestation des habitants du Sud contre le gaz de schiste. Donc, il faut s’attendre à un discours offensif et pleinement consacré à cette initiative de l’opposition. Une initiative que ses promoteurs veulent historique. Même si, les têtes de pont de la CLTD, pour des raisons objectives ou tactiques, tendent à revoir à la baisse leurs ambitions. Ainsi, pour le chef du MSP, Abderrezak Mokri, il ne faudrait pas voir dans cette journée du 24 février «une date décisive». Dans un écrit posté ce lundi sur sa page Facebook, Mokri estime que «ce sera une date importante dans la construction des équilibres pour faire face au pouvoir». Moins enthousiaste que d’ordinaire, le leader islamiste juge que si l’opposition «est autorisée à organiser ses sit-in, ce sera pour nous un succès et un stimulant pour la poursuite du combat et de la résistance pacifique». A contrario, «si elle est empêchée, enchaîne-t-il, si les autorités décident de boucler la capitale, ce sera aussi pour nous un succès parce que nous aurons ainsi poussé le pouvoir à montrer encore une fois sa vulnérabilité, son incurie et sa perte de confiance en lui».
R. Mahmoudi