Polémique sur l’octroi de la publicité par l’opérateur Ooredoo à la presse algérienne : la France s’en mêle
Le journal français Le Monde a curieusement réagi à la déclaration du directeur général de l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo en Algérie, Joseph Ged, à propos de l'attribution des annonces publicitaires de l'entreprise aux médias nationaux. Dans un article paru ce mardi et intitulé «Algérie : chantage de l'opérateur de téléphonie Ooredoo aux médias qui critiquent le Qatar», le quotidien parisien affiche d'emblée son soutien aux journalistes, cités par l'auteur de l'article, qui se disent «outrés» par les déclarations de Joseph Ged, et crie avec eux au «chantage» et aux «menaces contre la liberté de la presse» en Algérie. Il va sans dire que Le Monde n'a pas daigné rapporter l'autre son de cloche, pour présenter à ses lecteurs une idée plus complète et plus précise sur cette question, se contentant de fournir une image simpliste et réductrice de la liberté de la presse en Algérie. Cette réaction bizarre du journal parisien semble s'inscrire dans le cadre d'une campagne médiatique synchronisée ayant pour but de prendre la défense d'une partie de la presse algérienne au détriment d’une autre. Ce qui explique l'engouement de médias comme France 24 pour cette polémique. Nous apprenons, en effet, que cette chaîne de télévision publique, dirigée directement par le Quai d’Orsay, prépare une émission sur le sujet qui sera diffusée incessamment. L'intérêt des médias français pour cette polémique est d'autant plus suspect qu'aucun journal de l'Hexagone ne s'est réellement préoccupé de la situation de la liberté de la presse en Algérie au cours de ces dernières années, ni jamais évoqué, dans toute sa complexité, la réalité du marché de la publicité qui est devenue le nerf de la guerre pour certains titres qui bénéficient de la manne publicitaire provenant des opérateurs étrangers, notamment français, installés en Algérie. Il est tout de même étrange que les médias français accordent autant d'importance et s'intéressent avec un tel acharnement à un problème algéro-algérien alors que la France grouille d'événements et de scandales à feuilletons. Le directeur général d’Ooredoo a-t-il touché sans le savoir à des intérêts français en Algérie ? Mystère et boule de gomme…
R. Mahmoudi