L’UGTA va à contre-sens
Par Kamel Moulfi – Le discours syndical officiel a viré au ton politique alors que les préoccupations des travailleurs sont de toute évidence ailleurs, et d’abord dans le pouvoir d’achat quotidien en chute libre. La pomme de terre affiche pourtant un prix au kilo, 100 DA, qui ne passe pas inaperçu. Il s’agit d’un produit phare et symbolique du panier populaire. D’autres légumes et fruits sont hors de portée d’un grand nombre de ménages. Mais la priorité pour la célébration du 24 Février est à l’unité nationale qu’aucun Algérien ne remet en cause et encore moins quand il manifeste contre l’exploitation du gaz de schiste ou pour l’emploi local. Au contraire, on peut affirmer que le sentiment national a été renforcé par les mouvements locaux de contestation sur ces deux questions sensibles, grâce à la large solidarité qui leur a été manifestée partout dans le pays, obligeant le pouvoir lui-même à faire preuve d’écoute à ce propos. Les gens ont compris que pour se faire entendre et pour que leurs revendications soient satisfaites, il leur faut «bouger» et ils n’hésitent plus à le faire soit à travers des rassemblements et des marches pacifiques, comme pour le gaz de schiste, soit par d’autres formes d’action, les coupures de routes, à l’aide de pneus brûlés, étant pour le moment les plus extrêmes. La preuve qu’ils ont raison, c’est que sur les problèmes, par exemple l’état de la voirie, pour lesquels personne n’agit et ne fait pression sur les autorités, la situation s’aggrave malgré les risques qui peuvent en découler. Exemple : les trottoirs dans les centres urbains, à commencer par Alger, sont dans un état qui fait honte en 2015. Comme personne ne proteste, la tendance est alors à la dégradation. Les autorités locales cherchent à faire plaisir au pouvoir en organisant des activités à des fins politiques au lieu de s’occuper des missions dont elles sont chargées et en premier lieu : la voirie. Comme l’UGTA qui regarde ailleurs au lieu de se centrer sur sa vocation syndicale et défendre le pouvoir d'achat des travailleurs. On appelle cela la fuite en avant.
K. M.
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