Des associations sahraouies écrivent au président du Forum de Crans Montana
Dans une lettre adressée au président du Forum Crans Montana, et dont Algeriepatriotique a été destinataire, la société civile sahraouie s’insurge contre l’organisation de sa prochaine session prévue à Dakhla entre le 12 et 14 mars prochain dans la ville occupée de Dakhla sur le thème de «La coopération Sud-Sud». Les rédacteurs de la lettre jugent d’emblée que les «nobles objectifs» pour lesquels œuvre le Forum Crans Montana «ne peuvent être réalisés en enfreignant le droit international». «Nous sommes déçus d'apprendre, écrivent-ils, que votre Forum a prévu de se tenir dans un territoire dont la population est opprimée et privée de son droit légitime à l'autodétermination.» Ils rappellent la résolution 34/37 des Nations unies qui classe le Sahara Occidental comme un territoire occupé illégalement par le Maroc et les différentes résolutions préconisant l’impératif de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, chose que l’organisation suisse ne doit pas ignorer. Outre le fait d’occupation des territoires sahraouis par le royaume du Maroc, les organisations de la société civile sahraouie rappellent dans leur lettre la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés et les graves violations commises par les autorités marocaines contre le peuple sahraoui pendant près de quarante ans. Une situation qui a fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de personnes déplacées. «Depuis quarante ans, ajoutent les auteurs de la lettre, notre liberté est bafouée, nos ressources confisquées et notre terre occupée», affirmant au passage qu’à l’instar de tous les activistes sahraouis, les membres des associations signataires de ce texte subissent les affres de la répression policière à Dakhla, rappelant le cas du militant des droits de l’Homme El Ouali Hasanna, assassiné froidement par les forces de sécurité marocaines en octobre dernier. Les associations sahraouies signataires de l’appel sont persuadées que cette proposition d’organiser le Forum de Crans Montan dans les territoires occupés est un subterfuge utilisé par le Maroc visant à «instrumentaliser le Forum à des fins politiques afin de couvrir ses violations flagrantes des droits de l'Homme», tout en essayant de «revendiquer une souveraineté qu’aucun pays ne reconnaît», ajoutent les signataires. Cette décision est, selon les militants sahraouis, susceptible de «fouler aux pieds les efforts des Nations unies qui s’emploient à décoloniser le territoire» et, plus grave encore, de «mettre en péril la paix et la stabilité en Afrique du Nord et dans le reste du continent africain». Enfin, les associations sahraouies exhortent les organisateurs du Forum à respecter le droit international et la volonté de la communauté internationale, rappelant l’attitude de plusieurs pays et d’organisations internationales, dont l’Union africaine et l’Union européenne, qui ont d’ores et déjà décidé de ne pas prendre part à un Forum qui pourrait compromettre les efforts de l'ONU pour résoudre le problème du Sahara Occidental.
R. Mahmoudi