La France classe l’Algérie comme pays à haut risque au même titre que la Libye, la Syrie et l’Afghanistan
L'Algérie est un pays auquel il est déconseillé aux ressortissants français de se rendre… sauf raison impérative. C'est l'enlèvement d'une Française mardi 24 février au Yémen qui a remis à jour cette information. Le 27 octobre 2014, il y a quatre mois, les autorités françaises donnaient déjà cette recommandation : tous les ressortissants français voyageant en Algérie sont appelés à se signaler au Centre de crise de leur ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Ce conseil aux voyageurs a été actualisé hier, 25 février 2015. Il était justifié, selon les autorités françaises, par «la persistance d'un risque terroriste élevé dans la région». Face à ce «risque» qui colore en rouge le territoire algérien sur la carte établie par ces responsables français, «la plus grande prudence s'impose à tous nos ressortissants résidant en Algérie ou prévoyant de s'y rendre». Plus clairement : les déplacements sont en particulier formellement déconseillés aux ressortissants «notamment au sud et à l'est de l'Algérie». Pour le reste, dans «certaines zones du nord-est du pays où évoluent encore des groupes terroristes», les autorités françaises recommandent «la plus grande prudence » avec mention spéciale pour la wilaya de Tizi Ouzou. Sauf raison impérative, notre pays est donc placé à la même enseigne – «déconseillé» – que le Yémen où a été enlevée Isabelle Prime, 30 ans, qui travaillait comme consultante pour une société spécialisée dans la protection sociale et était responsable d'un projet pour le Fonds social yéménite, une institution gouvernementale. Donc, dans la même case que des pays à éviter par les Français comme la Syrie, Irak et la Libye, et quelques autres, où règnent l'insécurité et, pour la Libye, carrément le chaos. Quand il n'y a aucune «raison impérative», l'Algérie est assimilée à ces pays. Quelle est donc cette raison impérative ? On devine qu'elle ne peut pas être évidemment un voyage d'agrément, tourisme ou autre. Il n'y a pas plus impératif qu'un motif d'ordre financier pour faire courir les Français vers notre pays, oubliant tout risque. Les entreprises françaises ont des business importants et ne peuvent pas se passer de venir en Algérie. Elles sont les dernières à tenir compte des conseils donnés aux voyageurs français par le quai d’Orsay, et si ça se trouve elles n’y croient même pas. Et les premiers à rire de ces recommandations, ce sont les groupes terroristes qui ont montré qu’ils pouvaient frapper où ils voulaient, y compris au cœur de Paris. Ils ne regardent pas avec quelle couleur est couvert un territoire pour choisir le lieu de leurs crimes. Alors, la France devrait trouver une autre formule que sa carte à risques pour mettre en garde ses ressortissants face au danger du terrorisme. Car la formule ne s’applique pas aux Etats-Unis, couleur verte, bien qu'il soit le pays le plus menacé par les actes terroristes et qu'il s'y produit des fusillades pratiquement chaque jour ; ni à d'autres pays occidentaux où de violentes actions terroristes se sont produites; ni même à Marseille, où les règlements de comptes sont quasi quotidiens, si bien qu'il y a eu des tirs de kalachnikov lors d'une récente visite du Premier ministre Valls dans cette ville du sud de la France, sans oublier que des quartiers entiers, dans les banlieues françaises, sont des zones de non-droit où même la police ne pénètre pas. A quoi donc servent toutes ces couleurs qui créent l'amalgame entre l'Algérie et la Somalie ?
Houari Achouri