Islamophobie : le Parlement autrichien vote une loi d’exception contre la communauté musulmane

Le vent d’islamophobie qui souffle sur l’Europe se propage et s’institutionnalise. L’exemple nous vient cette fois-ci de l’Autriche où le Parlement vient de voter à la majorité une loi d’exception mettant la communauté musulmane vivant dans ce pays sous une surveillance plus étroite, à travers une batterie de mesures aussi coercitives que méprisantes. La loi prévoit notamment que «tout groupe autrichien déclaré comme représentatif de la communauté musulmane devra dorénavant utiliser une traduction standardisée et en allemand du Coran». Les députés autrichiens pensent avoir trouvé la parade, en interdisant ainsi indirectement l’usage de langue arabe par les pratiquants de l’islam. «Tout imam exerçant en Autriche, dit encore la loi, devra parler l'allemand afin que ses commentaires soient plus accessibles et plus transparents, et permettent de faciliter l'intégration de l'islam dans la société autrichienne». Sous couvert de la lutte contre le financement des réseaux islamistes dits «djihadistes», la loi interdit «tout financement étranger des organisations islamiques». Il est aussi demandé aux 450 organisations musulmanes du pays de prouver qu’«elles ont une approche positive envers la société et l'Etat si elles veulent continuer à être officiellement reconnues». Le ministre autrichien de l’Intégration, voulant justifier ce durcissement, a dit que son gouvernement veut «un avenir dans lequel un nombre plus important d'imams parlant allemand, qui ont grandi en Autriche, et peuvent servir d'exemple positif pour les jeunes musulmans». Pour ce responsable, l’option d’assimilation préconisée de la minorité musulmane qui vit en Autriche (6% de la population globale), essentiellement d’origine turque, a pour objectif de «limiter l'influence politique de pays musulmans étrangers, et de donner une chance aux musulmans de se développer librement dans nos sociétés et dans le respect de nos valeurs européennes communes». Cette stigmatisation de la minorité musulmane, désormais officialisée, est largement relayée par la classe politique et la plupart des médias autrichiens de plus en plus alarmistes sur les risques d’islamisation de la société, mettant en exergue le départ de quelque 200 musulmans autrichiens en Syrie et en Irak pour rejoindre les groupes terroristes, notamment Daech. Un sondage publié au cours de la même semaine indique que 58% des musulmans autrichiens étaient «en voie de radicalisation».
R. Mahmoudi
 

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