Où va la grève ?
Par Kamel Moulfi – L’émotion créée dans le pays par la répression contre le mouvement populaire anti-gaz de schiste à In Salah a momentanément relégué au second plan de l’actualité la tension qui existe dans le secteur de l’éducation nationale. Les syndicats des enseignants ont menacé d’observer une forme d’arrêt de travail qui risque, si la grève marche, de compromettre sérieusement les cours avec un impact sur la préparation aux examens de fin d’année, en particulier le bac. A ce propos, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a soulevé incidemment chez les parents d’élèves une question qui trottait déjà dans leur tête : à qui va profiter réellement cette grève ? Elle y a répondu clairement en lançant une petite phrase lourde de sens : «Ces événements dévoilent une volonté de privatiser le secteur de l’éducation en encourageant les élèves à bénéficier de cours particuliers et à s'orienter vers les écoles privées.» Elle accuse certains enseignants de faire la grève, d'une part, et d’assurer des cours en privé, d'autre part. Inutile d’avoir des arguments supplémentaires pour croire la ministre quand elle parle d’agissements «irresponsables». Au ministère de l’Education, la conviction qui domine est que c’est l’école publique qui est visée par les grèves répétitives et la contestation n’est qu’un prétexte de déstabilisation. Cette situation n’a pas l’air, pour autant, de dérouter la ministre qui vient de lancer une session de formation au profit de 418 inspecteurs. Ce qui laisse penser que l’ampleur du mouvement de grève n’a pas la proportion que lui donne sa couverture médiatique. Dans tous les cas, il va à contre-courant de la priorité actuelle de rehausser le niveau de la qualité de l’enseignement. C’est le seul vrai défi aujourd’hui. Le système éducatif algérien vient de subir, de la part de l’ONU, une critique qui n’honore personne : la qualité de l’éducation est faible en Algérie. Il reste à savoir si le ministère et les enseignants se sont sentis interpellés par ce camouflet qui inquiète les parents d’élèves.
K. M.
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