Exploration du gaz de schiste en Algérie : la compagnie pétrolière française Total se démarque
La société pétrolière française Total nie toute implication dans le projet d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste dans le Sud algérien, source d’un vaste mouvement de protestation qui dure depuis plusieurs mois et qui va crescendo. «Ces dernières semaines, le nom de Total a été mentionné plusieurs fois associé au gaz de schiste en Algérie. Total exploration et production Algérie tient à préciser (…) qu’[elle] n’a jamais participé à des activités de forage de puits à objectifs gaz de schiste en Algérie», lit-on dans un communiqué, bref mais explicite, adressé à notre rédaction. La compagnie française affirme qu’elle «n’a pas de permis d’exploration ni de projet de développement de gaz de schiste en Algérie et n’est pas liée à ce type d’activité en Algérie». Ce groupe pétrolier international qui compte 100 000 employés et active dans 130 pays, dont l’Algérie, précise qu’il «était présent sur un permis d’exploration du nom d’Ahnet, situé sur le bassin d’Ahnet, qui n’était pas un permis de gaz de schiste», et explique que «ce permis étant arrivé à échéance le 6 juin 2014, Total exploration et production Algérie n’a plus d’activités dans ce bassin». La mise au point du géant pétrolier français présent en Algérie dans les domaines de l’exploration, de la production, du raffinage, de la chimie, du marketing, des services et du trading-shipping, intervient à un moment où le mécontentement des populations du sud du pays connaît une escalade qui fait craindre un enlisement. La situation à In Salah est à ce point sensible, en effet, que l’armée a dû intervenir hier pour tenter de calmer la population locale après des affrontements avec les forces de l’ordre. Soupçonnée de vouloir encourager chez nous cette énergie non conventionnelle dont elle interdit l’exploitation sur son sol, la France semble vouloir se démarquer en suivant le chemin contraire à celui tracé par les Américains, pionniers dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste dans le monde. Bien que contesté aux Etats-Unis en raison des multiples atteintes prouvées à l’environnement, le recours à l’extraction du gaz de roche-mère est ardemment encouragé par des officiels et autres experts américains dépêchés à Alger pour appuyer le gouvernement algérien en proie à une contestation qui enfle. «En ce qui nous concerne, le gaz de schiste a beaucoup apporté à la croissance économique des Etats-Unis, réduit la dépendance énergétique et contribué à la baisse du chômage et à la création d'emplois», a, en effet, soutenu, ce mardi même à Alger, le secrétaire d'Etat américain adjoint chargé des Affaires économiques et commerciales, Charles Rivkin. La France s’est-elle engagée dans le processus avant de se retirer où n’avait-elle pas l’intention de s’y intégrer depuis le départ ? Il est utile, en tout cas, de rappeler que l’annonce de l’intention de l’Algérie de recourir à l’exploitation du gaz de schiste avait été faite par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui semble, ainsi, avoir «vendu la mèche» en divulguant un projet que le gouvernement algérien ne voulait pas ébruiter avant d’avoir mis les Algériens devant le fait accompli.
Karim Bouali