Le temps des malfaçons
Par Kamel Moulfi – Il faut lire Algeriepatriotique pour savoir que si les habitants de Béjaïa sont privés d’eau pour une durée indéterminée, c’est parce que la canalisation qui les alimente a été mal conçue, non pas que les ingénieurs qui ont fait ce travail soient forcément incompétents, mais ça aurait coûté plus cher de tenir compte des risques liés aux intempéries qui peuvent transformer un oued paisible pendant des années en torrent furieux. Se plier aux exigences de la nature qui impose à l'entreprise de réalisation de cette canalisation d’eau potable, un tracé plus long et plus compliqué, mais qui l’éloigne de l’oued Soummam, c’est diminuer le profit qu'elle tire du projet généreusement financé par l’Etat, c'est-à-dire nous tous. Alors, le choix facile et plus juteux a été fait, quitte à placer la canalisation dans une position où la première grosse crue lui ferait subir des détériorations la rendant inutilisable. C’est ce qui est arrivé. Et en plus, la réparation s’est avérée très difficile, ce qui a privé des milliers de familles d’eau potable au robinet, les obligeant à une corvée pénible pour aller chercher l’eau et coûteuse quand on s’approvisionne chez les vendeurs par camions-citernes. Les familles seront-elles indemnisées pour les inconvénients qu’elles subissent ? Il ne faut pas rire ; plusieurs jours après l’incident, personne n’a entendu parler de l’ouverture d’une enquête pour déterminer les vraies causes. La presse ne va pas plus loin que le décompte des jours sans eau pour Béjaïa, ajoutant juste une description sommaire de ce qu’endurent les familles touchées. L’Etat a engagé de gros moyens pour réparer les dégâts, une entreprise chinoise de travaux publics a été sollicitée et l’armée, qui n’est pas à sa première intervention en situation d’urgence due notamment aux intempéries, met sa grande expérience en la matière au service de la population de Béjaïa pour rétablir l’approvisionnement en eau au plus vite. Mais qui est responsable dans tout ça et devrait donc payer? La question, comme toujours, reste posée.
K. M.
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