Un salafiste est un salafiste !
Par Kamel Moulfi – Les salafistes, même bon teint, auraient effacé du calendrier, s’ils avaient pu le faire, la journée du 8 mars qui revient chaque année pour marquer un progrès supplémentaire dans la libération des femmes. Or, leur idée fixe est que la femme doit être traitée comme un être inférieur. Le débat parlementaire, qui a débordé hors de l’hémicycle, sur les amendements au Code pénal pour protéger les femmes contre les violences qu’elles subissent dans la société, les a mis hors d’eux. C’est le cas d’Abdelmalek Ramdhani qui est un cheikh inconnu des profanes, mais dont la renommée n’est plus à établir dans les milieux salafistes où il est, semble-t-il, une parole écoutée si l’on se réfère à ce que l’on découvre de lui à travers l’entretien qu’il a donné à la chaîne de télévision algérienne Ennahar. Il se présente comme un pôle du salafisme et tient à marquer sa différence par rapport aux autres courants qu’il rejoint toutefois sur un certain nombre de problèmes essentiels dans la vie de tous les jours. Evidemment, sur la question de la femme, qui est un des fondamentaux du salafisme, il n’y a aucune différence entre lui et Ali Benhadj ou Abbassi Madani qu’il attaque par ailleurs. Pour lui aussi, les femmes sont inférieures aux hommes. Il craint les «dérapages» qu’il croit fatals quand des droits sont accordés aux femmes, d’où l’instinct de conservation qui le pousse à réagir négativement à toute avancée dans les libertés et les droits reconnus à la femme. Il estime que la grève également est haram, ce serait une idée occidentale. Mais, en fait, ce droit constitutionnel reconnu aux travailleurs pour se défendre contre l’injustice lui fait peur, car là également, il y a le progrès qu’entraînent inévitablement les luttes des travailleurs. Ce qui prime chez ce cheikh, comme chez les autres, c’est le conservatisme rétrograde. La différence, non négligeable, avec les autres salafistes, c’est qu’il ne prône pas la violence. Il n’hésite pas à s’attaquer à Daech, illégitime, à ses yeux, parce qu'aucun «savant» saoudien ne le soutient. Il s’en prend aux dirigeants du FIS dissous, comme Ali Benhadj et Abassi Madani et consorts. Mais dans la vie de tous les jours, comme eux, il s’oppose à l’Algérie qui avance.
K. M.
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