Atavismes
Par Kamel Moulfi – Marque de cynisme ? Le MSP d’Abdelaziz Mokri a fait signer par une femme, responsable au niveau de son parti, une déclaration qui s’en prend à un texte juridique destiné à protéger les femmes contre la violence dont elles sont victimes. C’est à croire que cette signataire fait partie des rares femmes miraculées – existent-elles vraiment chez nous ? – qui ne subissent aucune violence, ne serait-ce que verbale, exercée contre les femmes du fait de leur statut. La secrétaire nationale de la femme et des affaires familiales du MSP a-t-elle déjà signé auparavant une déclaration au nom de son parti pour exprimer «le choc et l’anxiété» de la société algérienne devant le phénomène de la violence contre les femmes ? Par exemple, après le lynchage de plusieurs dizaines de femmes, simples travailleuses, perpétré le 13 juillet 2001 à Hassi Messaoud ? Y a-t-il eu autre chose que l’indifférence de la part des militantes du MSP ? En fait, l'amendement du Code pénal a eu, au moins, le mérite de sortir les intégristes déguisés en démocrates de leur tanière. A ce rythme, nous allons finir par croire que le régime Bouteflika est une bénédiction divine. Le MSP assimile la protection de la femme contre les violences qui la menacent d’atteinte à la cohésion de la famille et, donc, de dislocation de la société algérienne. Curieuse conception de la démocratie et de la société chez les islamistes «bon teint» du MSP, qui ne craignent pas la contradiction en s’obstinant à faire de la femme un être inférieur et vulnérable, alors qu’ils prétendent la considérer comme le pilier de la société. Le directeur général des affaires pénales et de la grâce au ministère de la Justice a bien fait de retourner l’argument religieux contre les archaïques en leur lançant sur le même ton péremptoire qu’eux utilisent : «Le projet de loi adopté est conforme au droit musulman.» Le statut de la femme doit correspondre à sa place réelle et au rôle qu’elle a toujours eus dans la société algérienne, et qu’elle a confirmés durant la guerre de Libération nationale, n’en déplaise au MSP et à ses semblables. Retenons, toutefois, ce paradoxe : la signataire de la déclaration du MSP n’a pu éviter de souhaiter aux femmes «bonne fête !» à l’occasion d’une journée aussi laïque que celle du 8 mars, qui célèbre les luttes des femmes pour l’émancipation et l’égalité.
K. M.
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