Drôle de conseilleur
Par Kamel Moulfi – Ce que les Algériens ont retenu de la visite en Algérie du secrétaire adjoint américain au Commerce pour l’industrie et l’analyse, Marcus D. Jadotte, c’est son offre de service pour nous «aider» à exploiter le gaz de schiste au Sahara. Il faudrait être plus que naïfs pour croire qu’il pense à nos intérêts. Pourquoi ne regarde-t-il pas d’abord vers les Etats-Unis où le reflux de l’exploitation du gaz de schiste – recul du nombre de permis délivrés et tassement des puits – et son premier impact qui est la perte d’emplois devraient lui donner des motifs d’inquiétude. La situation actuelle du gaz de schiste aux Etats-Unis n’est pas du tout de nature à encourager d’autres pays à se lancer dans cette aventure périlleuse. En réalité, et il ne faut pas être particulièrement futé pour le comprendre, l’aide qu’il propose à l’Algérie profiterait aux sociétés américaines, Schlumberger, Baker Hughes et Halliburton, c'est-à-dire les acteurs de la fracturation hydraulique pour l'extraction du gaz de schiste, et par extension à toute l’industrie américaine du gaz de schiste. Il nous resterait la pollution. D’une façon plus générale, ce que Washington veut de nous, en fait, c’est une ouverture encore plus débridée de notre économie, à la marocaine en quelque sorte. Mais, encore une fois, même si nous étions d’une crédulité sans limites, il y a une question qui s’impose : toute cette sollicitude américaine, au profit de qui ? Naturellement, des Etats-Unis et de leurs sociétés qui cherchent, et c’est de bonne guerre, à tirer profit des autres pays. Les experts algériens qui n’ont pas échangé leur patriotisme contre de menus avantages ne cessent de le répéter : notre intérêt, à nous, est dans le développement national assis sur un marché intérieur qui nous préserve de la dépendance de l’étranger. C’est la leçon tirée d’une trentaine d’années d’ouverture libérale débridée et de la destruction de l’économie algérienne qu’elle a provoquée. Comment sortir de cette impasse ? Voilà la vraie question.
K. M.
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